Plusieurs dizaines de militants de la CGT sont présents, mercredi 11 janvier, devant le tribunal d’Amiens pour soutenir les anciens salariés de Goodyear. | Bruno Lanteri / Le Monde

Les huit anciens salariés de Goodyear Amiens-Nord échappent à la prison ferme. Poursuivis pour avoir séquestré pendant plus de trente heures deux cadres de l’entreprise en janvier 2014, sept d’entre eux ont été condamnés, mercredi 11 janvier, à de la prison avec sursis par la cour d’appel d’Amiens.

Deux anciens ouvriers ont été condamnés à trois ans avec sursis et cinq autres à dix mois avec sursis avec cinq ans de mise à l’épreuve. Enfin l’un d’entre eux a été totalement relaxé. Le secrétaire de la CGT Mickaël Wamen a d’ores et déjà annoncé qu’il allait se pourvoir en cassation.

Une condamnation plus clémente qu’en première instance, où les anciens salariés avaient été condamnés, en janvier 2016, à deux ans de prison, dont neuf mois ferme. Environ trois cent cinquante militants de la CGT s’étaient rassemblés dans la matinée, mercredi, devant le tribunal pour réclamer la relaxe des ex-Goodyear.

Ils sont accusés d’avoir participé, en janvier 2014 à la séquestration pendant plus de trente heures de deux cadres de Goodyear – Bernard Glesser, directeur des ressources humaines, et Michel Dheilly, directeur de production. Cette ultime action était survenue à l’époque après sept années de lutte contre la fermeture de l’usine, actée deux semaines plus tard.

Goodyear avait retiré sa plainte

La condamnation des protagonistes, deux ans plus tard, à de la prison ferme avait été perçue comme un coup de tonnerre dans le milieu syndical et politique. D’autant que les deux cadres, ainsi que Goodyear, avaient retiré leur plainte dans le cadre de l’accord de fin de conflit signé le 21 janvier 2014. Mais le parquet avait décidé de poursuivre l’affaire.

Au cours de l’audience, en octobre, les anciens salariés ont tous contesté avoir joué un rôle actif dans cette séquestration. Ils regrettent cependant de ne pas avoir réussi à arrêter les autres salariés avant que la situation ne dégénère. Et selon eux, la raison de leur présence à l’audience n’était due qu’à une raison : leur appartenance à la CGT. Soulignant que peu de personnes avaient été poursuivies dans cette affaire.

Un des prévenus, Hassan Boukri, avait ainsi lancé à l’audience : « Je n’ai rien fait de mal. Et puis, les deux cadres connaissaient tout le monde dans la salle. Pourquoi les responsables de cette action ne sont pas ici ? Et pourquoi je suis là ? Moi j’ai l’étiquette de la CGT… »

Mais pour l’avocat général, M. Tailhardat :

« Cette séquestration a été programmée, ce n’est pas un mouvement qui arrive d’un seul coup. Dès le départ on sait que la décision de retenir ces personnes, de séquestrer ces gens-là avait été prise. Cette séquestration a même été revendiquée devant les chaînes de télévision qui ont été appelées pour l’occasion. Et si on accepte les séquestrations, on tue le dialogue social. »