La prison de Fleury Mérogis, le 17 septembre 2009. | MEHDI FEDOUACH / AFP

« Tu peux faire le deuil de tes enfants, je vais les assassiner », « les surveillantes ne sont pas nombreuses ici, c’est facile de les égorger », « tu as le diable dans ton cœur, je vais te tuer »… Elles avaient menacé de mort leurs codétenues et des surveillantes pénitentiaires. Deux détenues radicalisées incarcérées à Fleury-Mérogis (Essonne) ont été condamnées jeudi 12 janvier à sept mois de prison ferme pour des menaces de mort à l’encontre de codétenues et de surveillantes pénitentiaires.

Les menaces de ces femmes de 29 et 35 ans, rapportées par leurs codétenues au parquet et à l’administration pénitentiaire, ont créé un « climat de peur et de terreur dans la nurserie » de Fleury-Mérogis en octobre et novembre, a résumé la procureure. Elle réclamait un an d’emprisonnement.

Dans le box, les deux femmes ont nié en bloc la plupart des accusations. « Tout est faux, c’est une calomnie », s’est insurgée la plus âgée, en jurant au « complot », ses yeux noirs rageurs, nerveux, parfois emplis de larmes. Sa comparse a froidement reconnu une gifle donnée à une codétenue, mais a nié toute menace.

Glorification des attentats

L’ambiance dans la nurserie, où les détenues mères vivent portes ouvertes pendant dix-huit mois avec leur enfant, a basculé à cause d’une fouille pour rechercher un téléphone portable, a témoigné le directeur de la maison d’arrêt pour femmes.

De quoi engendrer un « climat de suspicion », alimenté par les deux détenues, en détention provisoire à Fleury après leur mise en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste – l’une d’elles est soupçonnée d’avoir recruté et aidé une jeune fille à partir pour la Syrie.

Sous la pression, une détenue emprisonnée pour délinquance astucieuse craque. Elle écrit au parquet, s’étonne d’entendre les deux radicalisées « glorifier » les attentats de Nice ou « lire des versets du Coran » sous ses fenêtres. Et raconte comment elles menacent leurs codétenues, envisagent d’assassiner certaines surveillantes ou de faire tuer la famille de l’une. Un témoignage corroboré par une autre détenue.

Mises à l’écart

« Il n’y a pas eu de menaces directement face aux personnels », a reconnu le directeur pénitentiaire.

Mais le climat est « beaucoup plus serein » depuis que les deux détenues ont été séparées, a-t-il ajouté. L’une est confinée dans sa chambre, l’autre s’est vu retirer son enfant après avoir menacé de le tuer avant de se suicider, et est désormais à l’isolement.

La défense a dénoncé « un dossier particulièrement mal ficelé », fondé sur le témoignage d’une détenue déjà condamnée pour dénonciation mensongère et sans confrontations. « On leur reproche de faire du prosélytisme. On ne peut pas l’interdire, donc on monte un dossier pour autre chose », a assuré Jean-Louis Keita, un des avocats.