Sur le site toulousain d’Airbus. ce sont les mono-couloirs de la famille des A320 qui ont fourni la partie importante des livraisons de l’avionneur européen. | ERIC CABANIS / AFP

Des sourires à Toulouse, des grimaces à Seattle (Etat de Washington). Airbus a terminé 2016 en fanfare. Ce sont pas moins de 688 appareils qui ont été livrés par l’avionneur européen l’an dernier. Un record ! Avec cette performance, le constructeur est allé bien plus loin que les objectifs fixés en 2016, à 670 livraisons. « L’année 2016 nous a permis non seulement d’atteindre nos objectifs mais de les dépasser », s’est félicité, mercredi 11 janvier, Fabrice Brégier, PDG d’Airbus et numéro deux du groupe. L’avionneur a réalisé un mois de décembre à l’arraché avec 111 appareils livrés. Pour la quatorzième année d’affilée, Airbus a enregistré une hausse de ses livraisons.

Boeing a, lui, marqué le pas. Début janvier, l’américain a dévoilé des chiffres de livraisons en baisse : 748 en 2016, contre 762 en 2015. Pire, le constructeur de Seattle n’aura pas tenu son « book to bill » qui veut que les prises de commandes soient au moins égales ou supérieures aux livraisons. En 2016, Il n’a engrangé « que » 668 commandes nettes, contre 768 un an plus tôt. Cette baisse confirme le repli des prises de commandes qui s’amorce. Elles ont aussi marqué le pas chez Airbus, avec une baisse de 30 % par rapport à 2015.

Sur le terrain des livraisons, l’avionneur européen n’a donc pas encore rattrapé son grand rival, Boeing. Il y a quelques mois, M. Brégier avait confié que le groupe devrait dépasser le constructeur américain en 2019. Une date importante pour Airbus, car c’est au moment de la livraison que les constructeurs sont payés par leurs clients.

En revanche, l’européen est toujours largement leader en termes de prises de commandes, avec un total de 731, contre 668 au constructeur américain. En 2016, Airbus a gonflé un peu plus un carnet de commandes déjà bien fourni. Ce dernier se monte à 6 874 appareils en commande valorisés plus de 1 000 milliards de dollars (plus de 949 milliards d’euros), a indiqué M. Brégier. Soit plus de huit années de production assurées.

Toutefois, à l’instar d’Airbus, Boeing ne s’alarme pas. Il doit encore construire 5 715 appareils, soit également plus de huit années de production. Airbus ne « se veut pas inquiet ». Selon les deux rivaux, les compagnies ne se précipitent plus pour conclure des contrats géants car les délais de livraison s’allongent d’année en année. Aux dires d’Airbus, les nouveaux clients devront patienter une dizaine d’années en moyenne avant d’être livrés.

Augmenter les cadences

« L’année 2016 n’a pas été facile », a dû reconnaître M. Brégier, alors que l’avionneur n’a pas été épargné par les problèmes techniques et les retards. La mise au point des moteurs Pratt & Whitney, qui doivent propulser une partie de la future flotte d’A320neo, a connu quelques ratés. De même, l’équipement des cabines du long-courrier A350 a souffert des retards du français Zodiac.

Au second semestre de 2016, Airbus a été conduit à pousser les feux pour tenir ses prévisions. L’avionneur européen avait annoncé la production de cinquante exemplaires de l’A350. Il n’aura échoué que d’un souffle avec quarante-neuf long-courriers livrés. Sans surprise, ce sont les mono-couloirs de la famille des A320 qui ont fourni le gros des livraisons. L’an passé, cinq cent quarante-cinq A320 ont été remis à leurs clients. Sur le segment de marché des moyen-courriers, Airbus détient près de 60 % de part de marché.

A l’avenir, comme le dit Airbus, « la priorité n’est pas de prendre des commandes ». En pratique, l’objectif des deux concurrents est de tenir et d’augmenter leurs cadences de production. En 2017, le patron du constructeur européen prévoit « plus de 700 livraisons », et notamment près de 200 exemplaires de son nouveau best-seller l’A320 Neo, une version remotorisée et moins gourmande en carburant du moyen-courrier.

En 2019, le constructeur de Toulouse compte sortir chaque mois de ses chaînes dix exemplaires d’A350 et soixante A320. A ce rythme, Airbus envisage de livrer en 2020 autour de neuf cents avions par an. Il n’empêche, cette baisse des prises de commandes pourrait annoncer un Salon du Bourget, attendu en juin, moins fastueux que les éditions précédentes. L’été prochain, les contrats géants devraient se faire rares. Surtout si les cours du pétrole poursuivent leur remontée.