Un soldat israélien, en 2015 sur le plateau du Golan. | BAZ RATNER / REUTERS

Elianna Amer est une belle jeune femme, brune et coquette, originaire d’Ashkelon, désireuse de faire connaissance avec des hommes de son âge. Elle semble avoir développé un goût particulier pour les soldats. En tout cas, c’est ce qu’a décidé le rédacteur de son profil, sur Facebook. Après plusieurs mois d’enquête, l’armée israélienne a révélé, mercredi 11 janvier, que le Hamas avait lancé une opération informatique sans précédent pour s’emparer des données personnelles de dizaines de ses membres. Les victimes – des hommes pour la plupart – appartenaient le plus souvent à des unités de combat.

Il s’agissait d’inventer des profils fictifs de jeunes femmes attractives, illustrés par des photos trouvées au hasard sur Internet. Puis les auteurs entraient en contact avec des soldats et commençaient une conversation badine avec eux, rapidement transformée en flirt. Après l’envoi de quelques photos – Elianna à la plage, Elianna en voiture, etc. –, les soldats étaient invités à télécharger une application spéciale pour communiquer directement par vidéo avec leur nouvelle amie. Hélas, les applications classiques ne semblaient pas convenir au matériel de leur interlocutrice. L’application qu’elle leur suggère, appelée Apkpk, est une sorte de cheval de Troie, permettant de prendre le contrôle, à distance, du téléphone et de toutes ses données (messages, courriels, photos). Les techniciens du mouvement islamique palestinien pouvaient aussi enregistrer les conversations ou prendre des photos.

« Leur arme est une simple demande de contact »

« Cette fois, leur arme n’est pas une bombe, un pistolet ou un véhicule. C’est une simple demande de contact », résume l’armée sur son site. A des fins pédagogiques, l’état-major a décidé de rendre publique son enquête, conduite avec le Shin Bet (le service de sécurité intérieure) par l’unité de sécurité des informations, au sein de la direction chargée du renseignement. Les principes de précaution élémentaires dans l’utilisation des réseaux sociaux ou l’attitude à adopter face aux courriels suspects sont actuellement rappelés à tous les soldats. Les officiers n’auront ainsi plus le droit de poster des photos d’eux en uniforme. L’armée n’a pas révélé certains dessous de son enquête. Comment les auteurs de l’opération ont-ils pu berner les soldats dans des conversations en hébreu, qui impliquaient forcément un langage argotique et imagé ? Les moyens par lesquels la responsabilité directe du Hamas a pu être établie ne sont pas clairs non plus.