Vincent Peillon le 10 janvier à Latresne. | GEORGES GOBET / AFP

C’est l’un de ses arguments de campagne. Vincent Peillon, candidat à la primaire à gauche, se positionne comme l’homme du rassemblement qui pourrait faire gagner la gauche et ses alliés à la présidentielle. Lors de sa rentrée sur BFMTV-RMC le 2 janvier, il s’était dit « prêt à aller au-delà de Mélenchon et Macron ». Et de revendiquer son expérience en la matière :

« Je suis celui qui avait fait l’union de Robert Hue à Marielle de Sarnez (vice-présidente du MoDem). »

A quoi fait-il référence ? Il faut pour cela remonter à 2009. Vincent Peillon fait alors partie du mouvement L’espoir à gauche, issu de la motion qui soutenait Ségolène Royal au congrès du parti socialiste de Reims. L’idée est d’échafauder un rassemblement qui va au-delà du PS en vue de la présidentielle de 2012. A Marseille, à la fin août 2009, Vincent Peillon parvient à ses fins et réussit à s’afficher avec le communiste Robert Hue, Marielle de Sarnez et Jean-Luc Bennahmias (alors au MoDem), Daniel Cohn-Bendit (Les Verts) ou encore Christiane Taubira proche du Parti radical de gauche. Mme de Sarnez avait à cette occasion été ovationnée par une assemblée de 1 500 socialistes.

Un casting qui se retrouvera pour partie au mois de novembre de la même année sous la bannière du Rassemblement social, écologique et démocrate, à Dijon, lors d’un rendez-vous qui a fait date : Ségolène Royal s’y était invitée avec fracas, disputant à Vincent Peillon la tête de L’espoir à gauche. Deux autres rencontres suivront en janvier. Puis plus rien. Le grand rassemblement se dissipe après les régionales de 2010, où le PS triomphe en faisant alliance avec les écologistes et le Front de gauche, tandis que le MoDem fait un très mauvais score.

Evaporé en quelques mois

Vincent Peillon peut-il pour autant se targuer d’avoir rassemblé de la gauche radicale au centre comme il le sous-entend en rappelant cet épisode de sa vie politique ? C’est plus compliqué que cela. A l’époque, Royalistes et Peillonistes revendiquent bien plus la construction d’une alliance vers le centre que vers leur gauche, cette dernière ligne étant défendue par Martine Aubry alors à la tête du PS.

Robert Hue, qui incarne la caution de gauche de ce rassemblement qui se veut inspiré de la gauche plurielle n’est pourtant plus à la tête du parti communiste depuis 2004, et défend alors des idées plus modérées que ses camarades. Il crée d’ailleurs son propre parti, le Mouvement des progressistes, en novembre 2009, quelques semaines après la première rencontre du rassemblement autour de M. Peillon.

Torpillé par Ségolène Royal, affaibli par les difficultés du MoDem, le Rassemblement social, écologique et démocrate s’évapore finalement dans le courant de l’année 2010, ne donnant lieu à aucune ébauche de programme ni promesse d’union devant les électeurs. Il aura duré quelques mois, sans victoire électorale à la clé sinon l’amorce d’un rapprochement entre le PS et les centristes qui aboutira, même s’il n’en est pas l’unique motivation, à l’appel de François Bayrou à voter pour François Hollande au second tour de l’élection présidentielle en 2012.