Une trentaine de groupes, pratiquement tous anti-Trump, ont obtenu l’autorisation de manifester avant, pendant et après l’investiture du magnat de l’immobilier, organisée le 20 janvier 2016 à Washington. | PAUL J. RICHARDS / AFP

Une semaine de manifestations avant l’investiture de Donald Trump a débuté, samedi 14 janvier, par une marche à Washington pour protester contre les commentaires du futur président des Etats-Unis sur les musulmans, Mexicains et autres minorités.

La marche, présidée par le révérend Al Sharpton, connu pour son engagement en faveur des droits civiques, a rassemblé quelques milliers de personnes, qui chantaient « pas de justice, pas de paix ».

Elle devait prendre fin au monument érigé à la mémoire de Martin Luther King, situé à trois kilomètres des marches du Capitole où le futur 45e président des Etats-Unis doit prêter serment vendredi prochain.

Les commentaires polémiques de Donald Trump sur les migrants et les femmes et sa promesse d’abroger la réforme de l’assurance santé, emblématique des années Obama, ont suscité la colère de nombreux Américains à gauche de l’échiquier politique. Une trentaine de groupes, pratiquement tous anti-Trump, ont obtenu l’autorisation de manifester avant, pendant et après l’investiture du magnat de l’immobilier.

« DisruptJ20 »

Le 20 janvier, des milliers de manifestants sont attendus à Washington pour tenter de perturber la cérémonie d’investiture en paralysant les douze barrages de sécurité qui seront établis autour du Capitole.

L’objectif du collectif regroupé sous le nom de DisruptJ20 (Désorganiser le 20 janvier) est de paralyser les douze barrages de sécurité qui seront établis au Capitol et le long des quatre kilomètres du trajet qu’empruntera le cortège présidentiel sur Pennsylvania Avenue. Le groupe veut aussi mener des opérations de blocage de la circulation et entend bien perturber les nombreux bals traditionnellement donnés dans Washington au soir de l’investiture présidentielle.

Le collectif DisruptJ20 travaille avec d’autres mouvements de protestation comme Black Lives Matter, né à la suite de violences policières contre des membres de la communauté noire des Etats-Unis. Il entend mener ce qu’il nomme « résistance » contre le futur président, qui a obtenu moins de voix à l’échelle nationale que son adversaire démocrate, Hillary Clinton, lors de l’élection du 8 novembre mais l’a emporté dans les Etats clefs de ce scrutin indirect, obtenant une large majorité de grands électeurs au Collège électoral.

Les autorités s’attendent par ailleurs à ce que l’investiture de Donald Trump attire 800 000 spectacteurs, ce qui serait nettement en deçà des 1,8 million de personnes venues en janvier 2009 assister à la prestation de son prédécesseur démocrate, Barack Obama.

Des milliers de femmes en marche

Mais l’événement le plus important sera la Marche des femmes, samedi 21 janvier à Washington, au lendemain de l’investiture. Les organisateurs espèrent y réunir 200 000 personnes. Cette initiative trouve sa genèse dans un simple appel posté sur Facebook qui a fait tache d’huile. Il émane de Teresa Shook, une avocate à la retraite vivant jusque-là dans un anonymat paisible à Hawaï.

Certains signes laissent penser à une vaste mobilisation. Notamment l’ampleur prise par l’initiative sur les réseaux sociaux avec des hashtags comme #WhyImarch, #womensmarch ou #NotMyPresident. Le ralliement de diverses célébrités est une autre indication. Les chanteuses Katy Perry et Cher, l’actrice Scarlett Johansson ont annoncé leur participation. Au moins 1 200 autocars ont demandé la permission de stationner au stade RFK de la capitale fédérale le 21 janvier, bien davantage que pour l’investiture la veille.

L’initiative est soutenue par des dizaines d’organisations progressistes. On y trouve des défenseurs des droits civiques, des immigrés, des musulmans, des militants de l’environnement, de l’avortement, de la contraception, des drogues douces, des féministes, des pacifistes, des homosexuels, des Amérindiens. La marche est désormais officiellement soutenue par Amnesty International et Planned Parenthood, le plus grand réseau de planning familial du pays.

Donald Trump peut par ailleurs s’attendre à se voir rappeler ses propos sexistes qui ont défrayé la campagne présidentielle. Une initiative baptisée Pussyhat project fédère des adeptes du tricot et du crochet pour confectionner des chapeaux de maille rose avec des oreilles de chat pour les manifestantes. Le terme « pussy » désigne en anglais l’animal domestique, ou le sexe féminin, Donald Trump ayant employé ce terme vulgaire dans une vidéo qui a choqué.

Les organisatrices annoncent environ 300 « marches sœurs » dans d’autres villes du pays dont New York, Boston, Los Angeles et Seattle, ainsi qu’au-delà des frontières des Etats-Unis.

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