Justin Trudeau lors d’une conférence à la Havane à Cuba, en novembre. | STR / AFP

Le Canada, sixième producteur mondial de pétrole, doit « mettre un terme progressivement » à l’exploitation des sables bitumineux d’Alberta (ouest) et cesser sa « dépendance » aux hydrocarbures, a plaidé vendredi 13 janvier son premier ministre Justin Trudeau.

« On ne peut pas fermer (les mines) de sables bitumineux demain. On doit y mettre un terme progressivement », a déclaré le dirigeant libéral lors d’une rencontre en Ontario (centre) avec des Canadiens. « Nous devons préparer la transition pour rompre notre dépendance aux énergies fossiles », a-t-il ajouté, tout en soulignant que « cela prendra du temps ».

Il répondait à une question portant sur sa décision, fin novembre, d’autoriser l’augmentation de la capacité de deux oléoducs dans l’Ouest du pays. Leur modernisation va accroître de près d’un million de barils par jour la capacité à l’export du pays.

« On ne peut pas choisir entre l’environnement et l’économie », a affirmé en outre M. Trudeau, convaincu de pouvoir concilier la lutte contre le réchauffement climatique et la croissance économique.

Des propos condamnés par l’opposition conservatrice

Engagé à réduire les émissions canadiennes de gaz à effet de serre conformément à l’Accord de Paris, ratifié par le Canada, M. Trudeau a ainsi annoncé cet automne une taxe nationale sur le carbone effective en 2018, avec l’appui de l’Alberta, province où est concentrée l’industrie pétrolière.

L’opposition conservatrice a immédiatement condamné les propos du premier ministre. « Si M. Trudeau veut fermer les sables bitumineux d’Alberta, et ma ville d’origine, qu’il soit averti : il devra d’abord me passer dessus et sur les quatre millions d’habitants de l’Alberta », a lancé dans un communiqué Brian Jean, député conservateur de Fort McMurray, capitale pétrolière du pays.

Les sables bitumineux sont décriés pour le coût économique et environnemental de leur extraction. Présent sous forme sablonneuse dans le sous-sol de la forêt boréale, le pétrole est produit au terme d’un long processus polluant et énergivore.

Ce pétrole n’est rentable que si le cours mondial du baril est élevé. En octobre et en décembre, deux géants des hydrocarbures, Shell puis Statoil, ont d’ailleurs décidé de se désengager des sables bitumineux canadiens.