Le Villages Nature, en construction, centré sur les loisirs aquatiques, est un projet mené en commun par Pierre & Vacances - Center Parcs et Euro Disney, en Seine-et-Marne. | ERIC PIERMONT / AFP

C’est un retour aux sources pour Gérard Brémond, le fondateur du groupe Pierre & Vacances. A Avoriaz, en Haute-Savoie. Là où tout a commencé, il y a tout juste cinquante ans. Dimanche 15 janvier, le premier groupe européen d’hébergements touristiques fête ses 50 ans.

Les premiers pas de M. Brémond, associé, à l’époque, à l’ex-champion olympique de ski Jean Vuarnet (mort le 2 janvier 2017, à 83 ans), ont été modestes dans la station de ski qui surplombe Morzine. Un hôtel, les Dromonts, et une résidence. « Pendant les dix à quinze premières années, notre activité était concentrée à Avoriaz. La station a été notre laboratoire d’innovations. L’université de Pierre & Vacances », dit M. Brémond, qui fêtera ses 80 ans en septembre.

Depuis, le groupe Pierre & Vacances - Center Parcs est devenu un poids lourd du tourisme, avec un chiffre d’affaires de 1,424 milliard d’euros en 2016. C’est la reprise à 100 %, en 2003, de Center Parcs, spécialiste néerlandais des villages de vacances, qui a donné sa dimension actuelle au groupe. Mais l’absorption a failli provoquer une indigestion. « C’étaient deux concepts et deux cultures différentes, dit M. Brémond. Dans les années 2010-2013, le management n’aurait pas assez recherché de synergies entre les deux entreprises. »

Reprise « très timide »

A peine remis de cette crise de croissance, le groupe a subi, comme le reste du secteur, les conséquences des attentats. Adagio, filiale détenue à 50/50 par Pierre & Vacances et AccorHotels, qui gère les Aparthotels, y a perdu 10 millions d’euros, soit 6 % de son chiffre d’affaires.

Et la reprise se fait attendre. « Elle est très timide, admet Martine Balouka-Vallette, directrice générale tourisme du groupe. Nous sommes très loin d’être revenus à notre niveau d’avant les attentats. » Et ce, même si les attaques terroristes ont aussi provoqué un afflux de clientèle française dans les résidences du groupe français en France et en Espagne. « Notre filiale espagnole est désormais le numéro un des résidences de tourisme en Espagne », se félicite M. Brémond. Elle a contribué à faire bondir la fréquentation du groupe.

Un projet de 2 000 lits

En 2016, l’entreprise a accueilli près de huit millions de clients. Le groupe prévoit d’atteindre « les dix millions (…) dans les trois ans à venir », précise la directrice générale. Elle parie sur la montée en gamme pour y parvenir. Lancé il y a une dizaine d’années, « le premium pèse aujourd’hui 15 % de l’offre de Pierre & Vacances et représente 50 % du chiffre d’affaires montagne du groupe », explique Mme Balouka-Vallette. Ce mouvement devrait s’amplifier. M. Brémond doit annoncer, dimanche, le lancement d’un groupe d’étude pour créer un village haut de gamme du Club Med et une résidence premium à Avoriaz. Un projet de 2 000 lits.

Parallèlement, la Chine devrait s’imposer comme le relais de croissance de l’entreprise. Il y a un an, le chinois HNA a pris 10 % du capital du français. Un « partenariat industriel », tempère M. Brémond. HNA s’est engagé à investir « un milliard d’euros en cinq ans, en Chine, dans des concepts inspirés de Center Parcs ».

Un contrat pour l’achat d’un premier terrain a été signé. Il prévoit la construction de 1 000 cottages, à deux heures de route de Pékin. Il devrait ouvrir dans trois ans. Le groupe mise aussi sur son partenaire pour faire venir des touristes en France. En décembre 2016, les premiers skieurs chinois ont été accueillis dans le Pierre & Vacances de Valmeinier dans la vallée de la Maurienne, en Savoie.