La crise économique s’intensifie au Mozambique. Maputo a annoncé, lundi 16 janvier, qu’il ne paierait pas mercredi près de 60 millions de dollars d’intérêts (56,6 millions d’euros) d’un emprunt souverain.

« Le ministère de l’économie et des finances du Mozambique souhaite informer les détenteurs des 726,5 millions de dollars de titres (…) émis par la République, que le paiement d’intérêts d’une valeur de 59,7 millions de dollars dus le 18 janvier ne sera pas honoré », précise dans un communiqué le ministère. Sur fond de crise économique, Maputo avait déjà alerté en octobre 2016 ses créanciers qu’il ne serait pas en mesure d’honorer ses obligations en raison de la « détérioration de la situation macroéconomique et fiscale » qui affecte les finances du pays.

Achat d’embarcations militaires

L’emprunt souverain de 726,5 millions de dollars avait été émis en mars 2016 pour restructurer un emprunt contracté trois ans plus tôt par une entreprise privée à capitaux publics, Ematum, avec la garantie de l’Etat mais sans l’aval du Parlement. Cette opération de restructuration avait conduit à la révélation, en avril de la même année, de l’existence de 1,4 milliard de dollars supplémentaires de dettes cachées contractées par des entreprises à capitaux publics.

Maputo avait reconnu que ces emprunts, volontairement dissimulés au Parlement, avaient servi à financer l’achat d’embarcations militaires et de matériel de défense. Ces révélations avaient entraîné le gel de l’aide budgétaire des principaux bailleurs de fonds, y compris le Fonds monétaire international (FMI), plongeant le Mozambique dans une crise financière et économique sans précédent.

Une crise qui s’aggrave

« Ce communiqué vient confirmer des informations qui avaient déjà été avancées au niveau des marchés financiers », a rappelé à l’AFP Jorge Matine, du Centre d’intégrité publique (CIP), un cercle de réflexion indépendant basé à Maputo. Mais d’ajouter : « Il y a un manque d’information sur ce qui est actuellement discuté. Cela risque de produire un stress monétaire”, qui pousse les gens à se précipiter au guichet de leur banque pour retirer leur argent. »

Certaines banques ont déjà pris des mesures pour se prémunir contre une telle éventualité. Selon plusieurs médias, l’enseigne sud-africaine Standard Bank a par exemple stocké plus de devises que le minimum exigé pour pallier une éventuelle panique. Début décembre 2016, l’agence de notation Fitch a classé le Mozambique dans la catégorie « RD » qui regroupe les pays en défaut sur leurs obligations.

Le FMI a rouvert des discussions pour un nouveau programme d’aide en décembre 2016, mais a posé comme condition la réalisation d’un audit international indépendant qui doit rendre ses conclusions en février 2017.

Alors que la devise mozambicaine s’est déjà écroulée en 2016 en perdant 60 % de sa valeur face au dollar, l’endettement du pays devrait atteindre 130 % du PIB en 2016, contre 86 % en 2015, selon le ministère des finances.