Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes en matière budgétaire, Bercy n’allait pas se priver de s’en faire l’écho. En 2016, le déficit budgétaire de l’Etat s’est établi à 69 milliards d’euros, soit un recul de 1,5 milliard par rapport à celui de 2015, ont annoncé mardi 17 janvier le ministre de l’économie et des finances, Michel Sapin, et le secrétaire d’Etat au budget, Christian Eckert. Il atteint ainsi son niveau le plus bas depuis 2008. Au total, entre 2012 et 2016, le déficit de l’Etat a été ramené de 87,2 milliards à 69,9 milliards d’euros, soit une diminution de 17,3 milliards, après avoir atteint un pic de 148,8 milliards d’euros en 2010.

Ce résultat est d’autant plus notable qu’il est inférieur à celui prévu par la loi de finances initiale pour 2016, 72,3 milliards d’euros, et même à celui qui avait été rectifié lors de la loi de finances rectificative présentée en novembre, qui prévoyait un déficit de 69,9 milliards d’euros à la fin de l’année. « L’Etat a tenu son objectif de dépenses, les dépenses du budget général ont été maîtrisées », a tenu à souligner M. Sapin, répondant ainsi à tous ceux qui, dans l’opposition, ont régulièrement accusé François Hollande de « dépenser sans compter ».

« Il n’y a pas d’astuces »

Au printemps, la droite avait violemment dénoncé les « cadeaux électoraux non financés » annoncés par l’exécutif depuis le début de l’année 2016 : plan formation emploi, mesures de soutien aux agriculteurs, hausse du point d’indice des fonctionnaires, prolongation du dispositif de suramortissement des investissements pour les entreprises, mesures en faveur des jeunes. Pour un coût global évalué à 4 milliards d’euros. « Avec toutes ces dépenses supplémentaires, plus des baisses d’impôt, on risque d’avoir des comptes très dégradés », fustigeait alors le président (LR) de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Gilles Carrez.

Même la Cour des comptes s’était montrée sceptique sur la capacité du gouvernement à tenir ses objectifs, en raison de ces dépenses nouvelles. A la fin juin, les magistrats financiers jugeaient ainsi que « le respect de la norme de dépenses en valeur de l’Etat paraît d’ores et déjà compromis ». Ils évaluaient « entre 3,2 et 6,4 milliards d’euros » le risque de dépassement par rapport aux crédits ouverts en loi de finances. « Il est faux de dire que ce quinquennat aura été celui de l’explosion des dépenses et des déficits, s’insurge M. Eckert. Alors qu’on ne peut pas en dire autant du précédent. »

Le gouvernement a, en définitive, réalisé les économies sur lesquelles il s’était engagé, « et il n’y a pas d’astuces », souligne M. Sapin, comme s’il anticipait les observations de la Cour des comptes. Hors charge de la dette et pensions, les dépenses du budget général atteignent 294,8 milliards d’euros, en diminution de 2,8 milliards par rapport à 2015. Depuis 2012, à périmètre constant, les dépenses auront ainsi baissé de 6,3 milliards d’euros.

« Une vraie satisfaction »

Quant aux recettes de l’Etat (recettes fiscales, recettes non fiscales et comptes spéciaux), elles sont globalement en ligne avec le niveau prévu en loi de finances initiale, malgré un léger recul des recettes fiscales, principalement de l’impôt sur les sociétés. « En clair, on a absorbé les 40 milliards d’euros de baisses d’impôt prévus par le pacte de responsabilité, alors que c’est l’Etat qui porte la quasi-totalité des baisses fiscales et sociales, et il n’y a pas eu le dérapage que certains prévoyaient », se félicite M. Sapin. « Pour la troisième année consécutive, on fait mieux que prévu, nous tenons nos engagements », appuie M. Eckert. Vrai, si l’on tient compte du fait que, à la fin de l’été 2014, le gouvernement avait considérablement revu à la baisse les objectifs de croissance et de déficit prévus en loi de finances initiale.

Ce premier résultat concernant le budget de l’Etat conforte l’objectif du gouvernement de ramener le déficit public à 3,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2016. Celui-ci, qui agrège les comptes de la Sécurité sociale et des collectivités territoriales, ne sera connu que le 24 mars. M. Sapin, cependant, se montre confiant. « Aussi bien pour la Sécurité sociale que pour les collectivités, on ne sera pas loin de l’équilibre, assure-t-il. C’est l’Etat qui concentre l’ensemble de l’enjeu de diminution du déficit. »

« Un résultat encourageant », « une vraie satisfaction », se félicitent les deux ministres. Encore convient-il de rappeler que, en 2015, l’excédent budgétaire de l’Etat en Allemagne s’est élevé à 12 milliards d’euros.