Chelsea Manning, en 2010. | © Handout . / Reuters / Reuters

C’est peut-être la plus symbolique des décisions prises par Barack Obama à trois jours de la fin de son mandat : le président des Etats-Unis a annoncé, mardi 17 janvier, qu’il commuait la peine de Chelsea Manning, condamnée à trente-cinq ans de prison pour avoir fourni des centaines de milliers de documents confidentiels de l’armée américaine au site WikiLeaks.

Chelsea Manning, née de sexe masculin sous le nom de Bradley Manning, avait notamment été condamnée pour avoir copié, puis transmis à WikiLeaks des rapports de l’armée américaine en Afghanistan et en Irak. Des documents qui montraient notamment l’ampleur des dégâts subis par les civils irakiens durant l’occupation américaine, et qui avaient été largement couverts par la presse internationale, dont Le Monde. Elle avait également fourni à WikiLeaks la vidéo dite « Meurtre collatéral », montrant le pilote d’un hélicoptère de combat américain ouvrant le feu sur des civils désarmés dans une banlieue de Bagdad.

Dénoncée par un hackeur auprès duquel elle avait évoqué avoir transmis les documents, Chelsea Manning avait été arrêtée en juin 2010, détenue au secret, puis jugée par une cour martiale, qui l’a condamnée en 2013 à trente-cinq ans de prison.

Conditions de détention sévères

Détenue à l’isolement dans la prison militaire de Fort Leavenworth (Kansas), dans des conditions que ses défenseurs jugent insupportables en raison de sa fragilité psychologique, Chelsea Manning a engagé une procédure de changement de sexe, longtemps refusée par l’armée. Elle a tenté à deux reprises de se suicider depuis son incarcération, et plusieurs associations, ainsi que le lanceur d’alerte Edward Snowden, demandaient à Barack Obama sa libération.

Depuis plusieurs jours, l’entourage de la Maison Blanche laissait entendre que la peine de Chelsea Manning pourrait être commuée – une grâce complète restant hors de question pour la présidence des Etats-Unis.