« Le chômage c’est la faute des étrangers », « les sans-abri ne sont bons à rien », « le système d’indemnisation est beaucoup trop généreux avec les chômeurs », c’est à ces préjugés qu’a voulu s’attaquer un collectif d’associations et de syndicats à travers un ouvrage à paraître jeudi 19 janvier : Chômage, précarité : halte aux idées reçues !  (éditions de l’atelier, 240 p., 10 euros).

Préfacé par le réalisateur britannique et engagé Ken Loach, ce livre regroupe les propos de 25 organisations associatives et syndicales qui œuvrent en faveur des plus précaires. « Cela fait quarante ans que le chômage et la précarité existent sans qu’ils ne reculent, explique Jean-François Yon, coordinateur de l’ouvrage et ancien président du Mouvement national des chômeurs et précaires. Pour changer la donne, il faut faire pression ensemble. »

Déconstruisant 26 idées reçues, le recueil souhaite réagir aux discours qui banalisent la situation des plus pauvres. « Nous ne supportons plus d’entendre des paroles stigmatisantes vis-à-vis des chômeurs. Nous ne supportons plus d’entendre que la raison du chômage est liée aux chômeurs eux-mêmes », dénonce Thierry Kuhn, président d’Emmaüs France qui cosigne un chapitre sur les sans-abri mais aussi un texte sur la formation des demandeurs d’emploi.

« Intervenir auprès des candidats »

Tandis que 8,77 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France, l’ouvrage entend contrer les caricatures et le populisme autour de ces questions. « Depuis plusieurs mois, les discours qui remettent en cause les politiques sociales se multiplient », regrette Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (nouveau nom de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale). Dans le viseur notamment, François Fillon qui propose de rendre dégressives les allocations chômage.

« Nous allons intervenir auprès des candidats aux élections pour diffuser l’idée que les chômeurs et précaires doivent être soutenus », annonce Jean-François Yon. Pour porter leurs discours, quinze événements sont déjà organisés dans toute la France. Une quarantaine d’autres devraient suivre. « Durant les deux mois qui viennent, on va se consacrer au débat public. On est plus fort pour discuter avec les politiques si on a un débat citoyen qui nous alimente », poursuit le coordinateur de l’ouvrage.

Ces rencontres seront aussi l’occasion de mettre en valeur les solutions qui pourraient être apportées comme, par exemple, une formation plus adaptée pour les demandeurs d’emploi. Thierry Kuhn ne se voile pourtant pas la face. « C’est important de se réunir dans cette période, mais malheureusement je crois qu’on aura encore du boulot au-delà de la campagne électorale. »