Guy Verhofstadt, le chef de file des libéraux au Parlement de Strasbourg, désigné « Monsieur Brexit » par l’institution, dénonce « l’illusion qu’on peut sortir de l’Union tout en conservant ses avantages ». | GEORGES GOBET / AFP

Donald Tusk a choisi Twitter, et comme Donald Trump, sans s’embarrasser de périphrases, pour réagir au discours de la première ministre britannique, Theresa May, mardi 17 janvier. « Le processus est triste, le moment est surréaliste, mais nous avons enfin des annonces plus réalistes sur le Brexit », a constaté le président du Conseil européen. « Les Vingt-Sept sont unis et prêts à négocier après [l’activation] de l’article 50 », a t-il ajouté, sur un ton plus attendu, en évoquant la clause de sortie de l’UE que Mme May veut enclencher en mars.

Les Européens sont soulagés que Londres finisse par se rendre à l’évidence : si le Royaume-Uni veut vraiment « reprendre le contrôle » de son immigration et se libérer de l’arbitrage des juges de la Cour de justice de l’Union, Londres doit renoncer au marché intérieur, cet espace économique de près de 500 millions de consommateurs, où biens, services, personnes et capitaux sont censés circuler sans entraves ni contrôles douaniers.

Vigilance

Le « hard Brexit » était déjà, depuis l’automne, le scénario qui paraissait le plus vraisemblable à Bruxelles. Guy Verhofstadt, le chef de file des libéraux au Parlement de Strasbourg, désigné « Monsieur Brexit » par l’institution, salue mardi « l’effort de clarté » de Theresa May, mais dénonce « l’illusion qu’on peut sortir de l’Union tout en conservant ses avantages ».

Les Européens resteront donc particulièrement vigilants, quand les négociations débuteront après l’activation de l’article 50 par Londres. Selon plusieurs sources européennes, ils comptent ainsi, très vite, exiger des Britanniques une ardoise pour « solde de tout compte » d’au miminum 40 milliards d’euros. Une somme considérable correspondant pour l’essentiel aux contributions britanniques dans le budget de l’Union, qui auront été engagées mais pas encore versées au moment de leur « départ ».

Les Européens devraient aussi s’opposer catégoriquement à ce que Londres entame des négociations avec des pays tiers en vue d’accords de libre-échange bilatéraux avant que le divorce n’ait été formellement prononcé. C’est formellement interdit par les traités, explique t-on à Bruxelles. Ce qui empêcherait Theresa May d’entamer des pourparlers avec le nouveau président américain, Donald Trump.

Autre « point dur » : la fiscalité. Londres a explicitement menacé les Européens de transformer le Royaume-Uni en paradis fiscal. « Ce ne serait pas bon pour les négociations de jouer avec la peur », a prévenu M. Verhofstadt, mardi. Si les Britanniques insistent, les Européens pourraient conditionner l’accord de libre-échange entre l’UE et le Royaume-Uni, que souhaiterait mettre en place Mme May, à des clauses exigeant d’eux qu’ils ne baissent pas leur fiscalité en deçà de certains seuils ou mettre en place des barrières douanières dissuasives qui pénaliseraient les produits britanniques…