Dans l'Agora de France 3-Strasbourg | France Télévisions

Malgré les études annonçant la fin de la télévision en ligne, les Français continuent d’apprécier leurs vieux écrans et leurs programmes. Pour preuve, mardi 17 janvier, dans les locaux de France 3 Strasbourg, pas loin de deux cents personnes ont répondu à l’invitation de France Télévisions pour venir dialoguer pendant plus de deux heures avec ses dirigeants sur les programmes des chaînes de service public, la fabrication de l’information, les réseaux sociaux, le numérique, la diversité, le sport et tous les sujets qui les intéressaient. Ce dialogue « sans tabou », retransmis en direct sur Facebook et suivie sur Twitter, s’inscrivait dans le cadre des « rencontres avec les téléspectateurs » organisées par France Télévisions dans vingt-deux villes françaises (Paris, Strasbourg, Marseille, Lyon, Dijon, Le Havre, Saint-Denis de la Réunion, Nouméa…) jusqu’à la fin mars sous forme de débats et d’échanges, d’ateliers et de tables rondes.

Pour cette deuxième rencontre après Paris en décembre 2016, Marie-Thérèse Montalto, directrice régionale de France 3 Grand Est recevait dans l’amphithéâtre de la station Xavier Couture, directeur général délégué en charge de la stratégie et des programmes, Tiphaine de Raguenel, directrice exécutive de France 4, Fabien Galthié, rugbyman international devenu consultant sportif sur France 2, Dan Franck, écrivain et scénariste de nombreuses fictions et séries, ainsi que Jean-Paul Delevoye, ancien médiateur de la République et ex-président du Conseil économique, social et environnemental, « parrain » de ces rencontres avec les téléspectateurs. « J’ai accepté l’invitation de France Télévisions car j’estime que la télévision de service public doit éveiller les consciences et que les téléspectateurs ne sont pas seulement des consommateurs », explique M. Delevoye qui milite pour « une citoyenneté agissante ».

Dans l'Agora de France 3-Strasbourg | France Télévisions

« Nous sommes des créateurs de liens », ont insisté Mme de Raguenel et M. Couture en répondant aux questions sur « l’invisibilité des vrais gens » à la télévision. Mais, c’est surtout le traitement de l’information qui préoccupe de nombreux téléspectateurs, notamment celle concernant le terrorisme. « Les journaux n’expliquent pas assez la différence entre islam et islamisme et amalgament djihadisme, salafisme et terrorisme », a regretté Abdel, qui avoue regarder la télévision près de deux heures et demie par jour. De son côté, un étudiant en journalisme a pointé « le populisme médiatique » des journaux de France Télévisions « dont ce n’est pas le rôle ». Dans le viseur : les émissions « d’infotainment », mélange d’informations et divertissements comme « AcTualiTy » de Thomas Thouroude qui n’a pas trouvé son public et risque de passer à la trappe prochainement. « Restituer la réalité du monde est parfois compliqué mais il est vrai que nous devons réfléchir à la hiérarchie de l’information », a concédé M. Couture en avançant « la diversité » des magazines d’informations sur les chaînes du service public comme « C dans l’air » sur France 5 et la plate-forme numérique « France Infotv » qui a « totalement changé le rapport à l’information ».

Fabien Galthié, ex rugbyman consultant sportif sur France 2 | AFP/Damien Meyer

Concernant le sport qui, selon beaucoup de téléspectateurs, est de plus en plus restreint sur France Télévisions, M. Couture a rappelé que le service public avait réussi, malgré l’inflation des droits, à conserver le Tour de France, le tournoi de tennis de Roland Garros et le Tournoi des Six nations de rugby. « Il y a une grande compétition entre toutes les télévisions et notre budget sur le service public a des limites », a t-il souligné. « Il est préférable d’investir sur des sports qui portent des valeurs qui sont celles du service public », a poursuivi Fabien Galthié. « Quand je commente un match de rugby, je raconte une histoire car ce sport est comme la société dans laquelle nous vivons avec ses faibles, ses forts, ses courageux, ses peureux, ses intellos et ses rentre-dedans », a expliqué l’ancien capitaine de l’équipe de France. Même chose pour la création qui va bénéficier d’un plan visant à produire 50 % de fictions en plus d’ici 2020 comme l’a annoncé, début janvier, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions. « Il existe une véritable curiosité du service public mais les chaînes ne doivent pas se contenter de fictions calibrées et devraient prendre plus de risques », a toutefois insisté Dan Frank dont un épisode inédit de la série La Vie devant elles était projeté à la fin de cette rencontre.

De l’audace

« De l’audace » a aussi réclamé un militant associatif, notamment en ce qui concerne les minorités. Il s’appuyait sur le baromètre de la diversité récemment publié par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) qui pointait que les choses n’avaient guère évoluées dans ce domaine sur les chaînes. « Il est vrai que nous n’en faisons pas assez mais ce sujet reste crucial pour le service public. Le chemin va être long », a reconnu M. Couture.

« Cette thématique devrait revenir tout au long de ces rencontres », pointe M. Couture. Fin mars, un Livre blanc édité par la direction de la communication de France Télévisions devrait être rédigé en reprenant l’essentiel des questions posées par les téléspectateurs.

Pour s’inscrire et connaître le lieu des rencontres : http://www.lesrencontrestelespectateurs.com/