Chengdu, la ville des pandas, dans la province du Sischuan, a pour ambition de devenir une destination touristique chinoise. Elle vient même d’ouvrir un bureau à Paris pour faire venir des voyageurs français. | Li Fuhua/ VCG via Getty Images

A l’exemple de l’économie mondiale en général, le centre de gravité du tourisme se déplace vers l’Asie. C’est la révélation du baromètre annuel dévoilé, mardi 17 janvier, par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT). Selon ce rapport, le nombre des touristes a progressé de 4 % dans le monde en 2016 pour s’établir à 1,2 milliard, soit 46 millions de plus qu’en 2015. C’est la septième année consécutive de hausse depuis la crise de 2009. Taleb Rifai, secrétaire général de l’OMT, a salué la « résilience » du secteur qui a retrouvé, au niveau mondial, une santé économique malgré la recrudescence du terrorisme.

L’essor du tourisme doit beaucoup au dynamisme asiatique. En effet, la plus forte progression du nombre de voyageurs est à mettre au crédit de cette région du monde. En 2016, d’après les chiffres de l’OMT, il y a eu 8 % de plus de voyageurs en provenance d’Asie que douze mois plus tôt. Toutefois, tempère l’organisme, cette progression est en grande partie liée aux voyages à l’intérieur de la zone Asie-Pacifique. Au total, cette région du monde a accueilli, l’an dernier, 303 millions de touristes. Et cette hausse ne devrait pas ralentir au cours des prochaines années.

La Chine veut s’imposer comme une concurrente des grandes destinations touristiques. Elle s’en donne les moyens tant pour ses habitants que pour les visiteurs étrangers. A l’exemple de Chishui, une « bourgade » de 130 000 habitants de la province de Guizhou, au sud de Chengdu, la ville des pandas. Elle s’est fixée pour objectif d’être une destination touristique de l’empire du Milieu. Sise à quelques kilomètres du point de départ de la longue marche de Mao, elle parie sur sa douceur de vivre, ses forêts de bambou et sur la très faible pollution pour attirer le touriste. Déjà dotée de plus de 250 hôtels, elle prévoit de construire à tour de bras ces prochaines années. Elle vient même d’ouvrir un bureau à Paris pour faire venir des touristes français. Un appétit pour les voyages qui illustre la montée en puissance de la classe moyenne chinoise.

L’Afrique, l’autre eldorado

Sans attendre, les groupes hôteliers étrangers se ruent en Chine. Le Club Med a ouvert, fin 2016, son deuxième village de vacances à Beidahu, dans le nord-est du pays. Pierre & Vacances a lancé la création d’un Center Parcs à une heure trente de Pékin. Le groupe fondé par Gérard Brémond vise aussi les stations de sports d’hiver. Un marché qui devrait exploser. « D’ici dix ans, la Chine devrait compter de 200 à 300 millions de skieurs », s’exclame M. Brémond, des étoiles dans les yeux.

Après l’Asie, c’est l’Afrique qui pourrait devenir un nouvel eldorado pour l’industrie du tourisme. Après un fort repli en 2015, le continent noir a bénéficié d’une hausse de 8 % du nombre de ses visiteurs l’an passé.

Il n’empêche, si la Chine, l’Asie et l’Afrique sont prometteuses, c’est l’Europe qui est restée, en 2016, le premier marché mondial avec 620 millions de touristes. Mais les résultats sont « mitigés », a précisé M. Rifai. Dans le détail, les disparités sont importantes entre les différentes grandes régions du Vieux Continent. Certaines, a précisé le secrétaire général, affichent « un taux de croissance à deux chiffres et d’autres un taux plat ».

L’Europe du Nord et l’Europe centrale, épargnées par les actes terroristes, ont attiré respectivement, l’an dernier, 6 % et 4 % de touristes supplémentaires. Dans le même temps, l’Europe du Sud n’a progressé que de 1 % alors que le flux de voyageurs a stagné en 2016 en Europe de l’Ouest.

Airbnb se frotte les mains

En pratique, l’OMT ne devrait publier que dans quelques semaines le classement par pays. Mais la hiérarchie ne devrait pas être modifiée, a déjà prévenu le patron de l’OMT. Avec 85 millions de touristes, la France conservera sa position de leader. Toutefois, le secteur de l’hôtellerie a payé les attentats au prix fort. L’an dernier, explique François Delahaye, directeur général du Plaza Athénée, la fréquentation a chu « de 5 % en province et de 10 % à Paris ». Selon lui, le grand perdant a été « l’ultra luxe », les palaces, désertés par « 20 % à 25 % » de leurs clients en 2016.

Quand ce secteur pleure, Airbnb se frotte les mains. La plateforme communautaire de locations d’appartements ne s’est jamais aussi bien portée. Son activité enregistre une accélération ultrarapide. Depuis son arrivée en France en 2008, Airbnb a attiré 15 millions de voyageurs au total, dont 8 millions pour la seule année 2016.

L’Espagne s’impose comme le grand gagnant européen. Son industrie touristique a enregistré une année record avec 75,3 millions de visiteurs, soit une progression de 9,9 %. Elle a bénéficié à plein de la désaffection des touristes pour les destinations du Maghreb, mais aussi de la Turquie et de l’Egypte plombées par des attentats à répétition.