Le B-Street Band. | Facebook/The B-Street Band

Le E Street Band, les fans de Bruce Springsteen connaissent : c’est le groupe qui accompagne le rocker américain depuis plus de quatre décennies. Beaucoup viennent de découvrir l’existence d’un clone, le B Street Band – un « tribute band », ces orchestres monomaniaques spécialisés dans les ­reprises d’une légende musicale vivante ou morte. Le B Street Band, qui écume d’ordinaire les casinos, devait jouer jeudi 19 janvier dans un hôtel de Washington à la veille de la cérémonie d’investiture de Donald Trump. Dans le cadre du gala du « Garden State », surnom donné au New Jersey, l’Etat dont sont originaires ces musiciens, comme Springsteen. Ils l’avaient fait en 2009 et 2013 pour Barack Obama, et c’est à cette dernière occasion, affirment-ils, que leur contrat a été renouvelé.

« Dites-moi que c’est une fausse info »

Ces copistes pensaient naïvement que leur « apolitisme » dans ce qui n’est « qu’une fête du New Jersey », ainsi que l’a déclaré au magazine Rolling Stone leur claviériste Willie Forte, leur permettrait de faire leur job. Lundi, dans un communiqué publié sur leur site, ils ont annoncé qu’ils y renonçaient, par « respect » pour Springsteen. Leur engagement n’a en effet pas manqué de susciter l’ire des admirateurs de l’auteur de Born in the USA. Démocrate de toujours, décoré de la médaille de la Liberté par Barack Obama fin novembre 2016, après avoir donné un concert gratuit à Philadelphie en soutien à Hillary Clinton, Springsteen avait exprimé sans détour, dès septembre 2016, dans Rolling Stone, ses sentiments envers le futur président : un « crétin » dont l’ascension est « une tragédie pour la démocratie ».

Concernant le B Street Band, la star n’a pas réagi, mais son bassiste, Garry Tallent, l’a fait par Tweet avant l’annulation : « Dites-moi que c’est une fausse info. Ou au moins une blague. » Cette volte-face d’un groupe pour le moins obscur illustre, en tout cas, la grande difficulté pour l’entourage de Trump à trouver des volontaires pour sa cérémonie parmi les musiciens, quand Obama pouvait compter sur Springsteen, Stevie Wonder ou Beyoncé. Pour l’heure, le plateau réunit, outre le groupe post-grunge sudiste 3 Doors Down, essentiellement des chanteurs de la scène country. Le plus notoire étant Toby Keith, interprète de Beer for my Horses, I Love this Bar ou Courtesy of the Red, White and Blue, une réaction au 11 septembre 2001 où il promettait de « botter le cul » aux ennemis de l’Amérique.