Le Monde

Petite devinette : quel est le joueur de football le mieux payé du monde ? Lionel Messi, l’attaquant vedette du FC Barcelone, Cristiano Ronaldo, du Real Madrid, qui a reçu le prix FIFA 2016 en début d’année… Perdu. Il s’agit de Carlos Tevez, qui a signé au club Shanghai Shenhua le 29 décembre 2016. L’Argentin gagnera davantage que les deux plus grandes stars du football aux multiples Ballons d’or. Son salaire est estimé à 40 millions d’euros par an. Mais ce record sera peut-être le dernier d’une folle série dans le football chinois.

Lundi 16 janvier, la Super League chinoise (CSL en anglais) a réduit le nombre de joueurs étrangers autorisés par équipe. Jusqu’ici, ils pouvaient être cinq par match, et quatre en même temps, dont un joueur asiatique. Ils ne seront plus que trois, toutes nationalités confondues. Dans un communiqué, la CSL évoque « une série de mesures pour réguler les opérations et la gestion des clubs », à la suite de « la récente série d’investissements irrationnels au sein de la ligue chinoise ».

Les autorités chinoises cherchent ainsi à calmer la frénésie de dépenses des clubs et à promouvoir les jeunes joueurs chinois. Selon les règles en vigueur pour la nouvelle saison qui commencera en mars, chaque équipe devra aligner au moins deux joueurs chinois de moins de 23 ans.

Frénésie

Des avertissements avaient été distillés à l’attention des clubs ces dernières semaines. Le 9 janvier, un éditorial du Quotidien du peuple, considéré comme la voix du Parti communiste chinois, enjoignait aux clubs de freiner les dépenses. « L’introduction modérée de joueurs étrangers est une bonne chose, (…) investir modérément pour améliorer l’image d’un club et renforcer le marché du football est aussi une bonne chose, mais les dépenses folles vont amener les gens à se demander si l’intention des clubs est de se mettre en valeur plutôt que de vraiment chercher à développer le football chinois. »

Depuis 2015, les clubs se sont, en effet, engagés dans une frénésie d’achats, attirant des stars comme les Brésiliens Ramires et Alex Teixeira, l’Argentin Ezequiel Lavezzi ou l’Ivoirien Gervinho, avec la bénédiction du pouvoir. Et du président chinois en particulier.

Faire vibrer le sentiment nationaliste

Depuis son arrivée à la tête de la Chine fin 2012, Xi Jinping n’a pas fait mystère de sa passion pour le ballon rond, au point d’en faire une priorité nationale. Objectif : développer l’industrie du divertissement, avec un sport apte à faire vibrer le sentiment nationaliste des foules. En mars 2015, le conseil des affaires d’Etat (le gouvernement) a publié son « programme général de développement et de réforme du football chinois » : pour devenir une « grande nation du sport », la Chine devra développer d’ici à dix ans une industrie représentant 5 000 milliards de yuans (685 milliards d’euros), contre environ 400 milliards de yuans aujourd’hui.

De quoi convaincre les grands patrons chinois d’investir dans le sport préféré du président. Mais, malgré les milliards qui pleuvent sur la Super League, les résultats pour le football chinois tardent : l’équipe nationale pointe au 81e rang au classement FIFA. A tel point qu’à en croire Le Quotidien du peuple les autorités doutent des bénéfices de ces investissements.