La ministre des droits des femmes Laurence Rossignol, le 8 septembre à Paris. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Malgré les discours et les engagements, l’égalité femmes-hommes est loin d’être une priorité financière pour l’Etat et les fondations privées, dénoncent jeudi 15 septembre cinq organisations. Un rapport, intitulé « Où est l’argent pour les droits des femmes ? », va être présenté dans l’après-midi à la ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol.

Le Comité ONU femmes France, la Fondation des femmes, le Fonds pour les femmes en Méditerranée, Women’s Worlwide Web (W4) et le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), qui cosignent le document, expliquent vouloir « tirer la sonnette d’alarme ».

0,05 % de son budget

Dans le budget de l’Etat, les dépenses relatives à ce sujet « ont très peu varié dans le temps et restent faibles », estiment les auteurs. Ils relèvent que le gouvernement « est loin » d’avoir suivi la recommandation émise en 2013 par le HCE « d’un doublement a minima » des fonds alloués au ministère des droits des femmes d’ici à 2017.

En 2016, le budget consacré au programme pour l’égalité entre les sexes dépendant du ministère était de 26,9 millions d’euros, soit en augmentation de 6,7 % par rapport l’année précédente.

Cependant, si « l’on soustrait les 2,8 millions de transferts venant d’autres ministères, le budget dédié à ces actions [baisse] en réalité de près de 1,5 million par rapport à 2015 », avait souligné le député Christophe Sirugue (PS) à l’automne dernier, lors de la présentation du projet de budget, rappelle l’étude.

En 2016, tous ministères confondus, l’Etat a ainsi consacré 0,05 % de son budget à l’égalité femmes-hommes, soit 221,2 millions d’euros. C’est tout de même presque cinq fois plus qu’en 2005.

La France en retard

Si « l’utilité de la dynamique interministérielle est avérée », reconnaissent les cinq organisations, il est « toutefois difficile de connaître avec précision la réalité des dépenses (…) qui se cachent derrière des grandes enveloppes globales ». Malgré ses efforts, la France demeure en retard par rapport à ses homologues espagnols et canadiens, poursuit le rapport.

Le budget qu’elle consacre à la lutte contre les violences faites aux femmes est presque 40 % moins élevé que celui de l’Espagne. Même constat, si l’on compare avec le Québec, où le Conseil de statut de la femme (CSF) dispose de 25 salariées, alors qu’en France le HCE ne possède pas de budget autonome et « seulement trois salariées », auxquelles s’ajoutent deux personnes mises à disposition par le ministère des affaires étrangères et les services du premier ministre.

Les auteurs du rapport relativisent également l’engagement des cinq fondations d’entreprise agissant de manière visible en faveur des femmes. En cumulé, elles financeraient, selon leurs rapports d’activité annuels, « pour 10,35 millions d’euros ». « Une goutte d’eau », si cette somme est mise en perspective avec les 3,5 milliards d’euros consacrés globalement par les sociétés françaises aux actions philanthropiques, soulignent-ils.

Face à cette situation, le rapport propose la création d’un fonds national alimenté par 1 % des rentrées fiscales annuelles issues de la lutte contre l’évasion. Il suggère aussi de développer une vaste campagne de sensibilisation afin de susciter d’avantage l’intérêt du public à cette cause.