Documentaire sur France 3 à 23 h 15

Après la guerre, les restitutions - Bande annonce
Durée : 02:38

Sitôt l’armistice signé en juin 1940, le gouvernement de Vichy adopte les premières mesures antijuives. Recensés puis exclus des emplois dans l’administration et les milieux artistiques, les juifs voient l’étau se ­resserrer avec la création, en mars 1941, du Commissariat général aux questions juives, chargé de l’aryanisation de la société. A savoir l’élimination des juifs des sphères publique et économique, et la gestion de tous leurs biens à travers un administrateur provisoire.

Quatre ans plus tard, sitôt la République restaurée, de Gaulle affirme sa volonté de restituer les biens aux juifs spoliés. La tâche se révèle difficile dans une société dévastée, où des relents d’antisémitisme demeurent. Ainsi que l’illustreront les manifestations en juin 1945 de locataires parisiens criant, entre autres : « Mort aux juifs ! » Reste que, au-delà de la situation du pays, personne ne sait surtout quelle méthode employer. Un homme, connu essentiellement des historiens, tel ici Laurent Douzou, qui apporte éclairage et analyse, va attacher son nom à la question des restitutions : Emile Terroine.

Au centre, le père de l’écrivain Jean-Claude Grumberg | © Cocottes Minute Productions

Résistant et humaniste, cet homme de conviction va entreprendre à Lyon, durant l’hiver 1944, un véritable travail de bénédictin. Après avoir épluché d’innombrables dossiers et forcé les administrateurs provisoires à lui fournir les documents sur leur gestion, il rédige un rapport dans lequel il réclame l’extension de son action. Nommé en janvier 1945 chef des restitutions à Paris, Emile Terroine est le promoteur de l’ordonnance d’avril 1945 qui annule les ventes et liquidations de biens juifs opérées pendant la guer­re. Même si sa tâche s’achève au début des années 1950, le dossier complexe des restitutions n’est pas clos. Créée en 1998, une Commission des restitutions a traité à ce jour près de 38 000 demandes d’indemnisation.

Mais ce dossier peut-il vraiment se refermer, dès lors que l’on se borne au seul aspect comptable ? Catherine Bernstein souligne cette problématique dans ce film aussi rigoureux sur le fond que délicat dans la forme, où histoires collective et intime s’entremêlent, à travers celles d’un service à couverts ou d’un tableau… comme autant d’objets de mémoire.

Après la guerre, les restitutions, de Catherine Bernstein, coécrit avec J.-M. Dreyfus (Fr., 2015, 55 min).