Une coalition rassemblant près de 80 associations antiracistes américaines, dont la puissante American Civil Liberties Union (ACLU), a accusé mercredi 18 janvier Facebook de procéder à une « censure en fonction de la race », en acceptant trop facilement à leur goût de supprimer des images de violences policières publiées sur le réseau social.

Les associations estiment que Facebook « applique inégalement » ses propres règles, et que son système de modération, largement basé sur les signalements des utilisateurs, est inefficace. Selon les associations, les militants antiracisme voient régulièrement leurs messages supprimés, alors que des communications appelant à la haine en fonction de l’origine, de la religion, ou de la sexualité des utilisateurs sont très présentes sur le réseau social. « Il y a un double standard en matière de modération, qui ne semble pouvoir être résolu que par l’action militante ou l’exposition médiatique [de ce problème] », écrivent les associations dans un communiqué.

Echanges avec Facebook

La coalition a échangé plusieurs courriers ces dernières semaines avec Joel Kaplan, l’un des vice-présidents de Facebook, mais estime que l’entreprise « se contente de dire quelles sont ses procédures actuelles, et ne répond pas à nos suggestions de solutions simples à mettre en place pour réduire la censure à caractère racial que nous dénonçons ». Dans l’un de ses courriers, rendu public, M. Kaplan reconnaît que les équipes de modération de Facebook « se trompent parfois », mais affirme que l’entreprise s’est engagée à travailler sur ces problèmes et à coopérer avec des partenaires extérieurs pour les résoudre.

En France, les associations SOS-Racisme, SOS-Homophobie et l’Union des étudiants juifs de France avaient mené l’été dernier une expérience en signalant des dizaines de commentaires racistes, antisémites ou homophobes sur Facebook, Twitter et YouTube. Les résultats du test étaient sévères pour les trois réseaux sociaux, même si Facebook, avec 53 suppressions sur 156 contenus qui lui avaient été signalés, était le « moins mauvais élève » des trois. Facebook et Twitter avaient ensuite commencé des discussions avec les trois associations.

Mercredi, la presse américaine révélait par ailleurs que Facebook employait une douzaine de personnes chargées de la modération de la page personnelle de son fondateur, Mark Zuckerberg.