Les voyageurs qui traversent le pont Charles-de-Gaulle, entre la gare de Lyon et la gare d’Austerlitz, à Paris, vont pouvoir très bientôt les essayer. Des navettes électriques EZ10 sans conducteur de la société ­EasyMile – des minibus de douze places, six assises, six debout – vont être testées par la RATP, lundi 23 janvier, entre les deux ­gares parisiennes, pendant deux mois et demi.

Ces drôles de véhicules sans pédales ni volant, jusqu’ici chasse gardée des start-up, commencent à intéresser les industriels de la mobilité. Ainsi Alstom a-t-elle annoncé, le 19 janvier, avoir investi 14 millions d’euros dans EasyMile, jeune entreprise toulousaine fondée en 2014. Celle-ci est l’un des leaders mondiaux du secteur.

L’objectif de l’opération ? Mettre en place un partenariat commercial, afin de proposer des solutions intégrées destinées au transport urbain dit du « bout de ligne ». Alstom, qui siégera au conseil d’administration d’EasyMile, veut ainsi compléter son ­offre classique de trains, de métros et de tramways. Sortir des rails, en quelque sorte.

« Notre positionnement sur le marché mondial »

En effet, la petite navette permet un transport sur route sans conducteur depuis une station de métro, de bus ou de tram jusqu’à une destination finale dans un quartier ou dans une zone limitée. Le tout, à une vitesse maximale de 20 kilomètres-heure. Depuis avril 2015, l’EZ10 a été déployée sur plus de cinquante sites dans quatorze pays en Asie, en Amérique du Nord, au Moyen-Orient et en Europe.

« Avec cet investissement, nous allons explorer de nouveaux territoires, afin, à terme, de proposer des solutions de transport intelligent pour le dernier kilomètre, explique Bruno Marguet, directeur de la stratégie chez Alstom. Il n’est pas question de se substituer au partenaire industriel d’EasyMile, Ligier, qui fabrique les navettes. Ce que nous apportons, c’est d’abord notre positionnement sur le marché mondial et des partenariats avec nos clients sur la mobilité de demain. »

Alstom n’est pas le seul industriel de poids à lorgner ces petits engins sans chauffeur. Navya, l’autre leader mondial du secteur – une start-up française également –, a levé 30 millions d’euros, en novembre 2016. Keolis, opérateur de transport dans le monde entier, filiale de la SNCF, faisait partie du tour de table ainsi que Valeo, équipementier automobile français de rang mondial.

Vraies capacités d’autonomie

Les navettes Arma de Navya – très semblables aux EZ10 d’EasyMile – étaient présentées au Salon de l’électronique grand public de Las Vegas, du 3 au 8 janvier, sur la piste d’essais de Valeo, qui fournit une partie des capteurs de l’engin. Dans la foulée, elles ont été testées, du 11 au 20 janvier, dans le centre-ville de Las Vegas, où Keolis gère le réseau de bus.

La filiale de la SNCF exploite également, depuis cet été, le même minibus à Lyon, dans le quartier Confluences. Navya, qui est une société lyonnaise, affirme avoir vendu une trentaine de ses navettes dans plusieurs pays et avoir transporté plus de 100 000 passagers depuis septembre 2015.

Après les Lyonnais, ce seront donc les Parisiens qui pourront essayer, dès lundi 23 janvier, ces véhicules, doués, en théorie, de vraies capacités d’autonomie. Des performances que la RATP n’a pas souhaité tester au-delà du raisonnable. Entre les gares de Lyon et d’Austerlitz, les navettes n’auront pas le droit de traverser les carrefours, qui posent encore de sérieux problèmes au logiciel du minibus. Elles resteront sur le pont.