Vitali Moutko, le 24 september 2016, à Moscou. | ALEXANDER FEDOROV / AFP

Le vice-premier ministre russe chargé des sports, Vitali Moutko, a affirmé que les relations intimes des athlètes pouvaient fausser les résultats de leurs tests antidopage, notamment ceux des femmes, qui garderaient en elles, selon lui, « l’ADN masculin » après un rapport sexuel.

« Vous savez, si vous avez un rapport sexuel cinq jours avant un test antidopage, ils peuvent trouver de l’ADN masculin en vous », a-t-il déclaré, cité jeudi soir par le site russe d’informations sportives Sport-Express.

Ces déclarations de Vitali Moutko, ancien ministre des sports, surviennent après la publication de la version finale du rapport du juriste canadien Richard McLaren, en décembre 2016, qui met en lumière un programme institutionnalisé de dopage entre 2011 et 2015 ayant bénéficié à plus de 1 000 sportifs russes.

Le premier volet du rapport, divulgué en juillet, avait mis au jour une tricherie spécifique pour les Jeux d’hiver de 2014 organisés à Sotchi, où la Russie avait triomphé devant le président, Vladimir Poutine.

Les découvertes faites par l’équipe McLaren mêlent professionnalisme des agents du renseignement russes, le FSB, et méthodes artisanales. « Du sel et du Nescafé ont ainsi été ajoutés dans les échantillons » dans lesquels avaient été versés de l’urine propre, afin de leur donner la densité et l’apparence nécessaires. Cette démarche institutionnelle de triche s’inscrivait dans une stratégie d’Etat, notamment pour les Jeux olympiques d’hiver de 2014.

« Physiologiquement impossible »

Le ministre des sports de l’époque, Vitali Moutko, aurait pu être inquiété, puisque l’ensemble des manipulations se faisait sous les ordres de ses services, notamment son vice-ministre. Mais Vladimir Poutine a envoyé un signal contraire en octobre 2016 en le promouvant au poste de vice-premier ministre.

Le rapport McLaren cite entre autres le cas de deux joueuses de hockey sur glace ayant fourni lors d’un test antidopage deux échantillons contenant un ADN masculin ; ce qui est « physiologiquement impossible », suggérant qu’ils avaient été faussés.

Les tests antidopage peuvent également être faussés si l’athlète a « embrassé une fille qui a pris des drogues », a ajouté jeudi soir M. Moutko. « Les [athlètes] étrangers sont réhabilités sur ce principe tandis que les Russes, eux, sont punis », a assuré le vice-premier ministre.

En 2009, le joueur de tennis français Richard Gasquet, contrôlé positif à la cocaïne, avait plaidé non coupable, affirmant avoir embrassé dans une discothèque une jeune femme qui avait pris de la drogue à son insu. Il avait été exonéré de toute faute par le Tribunal arbitral du sport.

Au cours de leur carrière, de nombreux sportifs ont tenté d’avancer un rapport sexuel afin d’expliquer un test positif. Suspendu de 1998 à 2000 pour un taux trop élevé de testostérone, le sprinteur américain Dennis Mitchell avait argué de relations sexuelles et de bières bues la veille de son test. Contrôlé positif en 2007 aux corticoïdes, le footballeur italien Marco Borriello avait quant à lui invoqué un rapport avec sa compagne qui, victime d’une infection vaginale, aurait utilisé une crème pour se soigner. Le joueur avait finalement été suspendu six mois.