Dans un café populaire du quartier de l’Océan de Rabat, à la mi-temps du match Algérie-Tunisie diffusé sur un petit écran mal ajusté les passionnés n’en finissent pas de se repasser le film de la défaite face à la République démocratique du Congo (1-0), lundi. « Et si [le coach Hervé] Renard n’avait pas opté pour un surprenant 3-5-2 ? », « Et si Youssef Al-Arabi [qui a raté deux occasions franches en fin de match] avait été aligné d’entrée ? » « Et si les nombreux joueurs blessés étaient opérationnels ? » « Et si Badou Zaki était le sélectionneur des Lions ? »

Toutes ces questions pèseront sur le deuxième match de poule du Maroc, vendredi soir 20 janvier, face au Togo. Il semble déja décisif, avant le choc face à la Côte d’Ivoire, tenante du titre, le 24 janvier. « La victoire est la seule option », la phrase revient sur les pages de tous les journaux vendredi matin. Le bihebdomadaire sportif Al-Mountakhab juge sévèrement les choix tactiques du sélectionneur français. Car le problème majeur des Lions de l’Atlas, c’est qu’ils ne marquent plus. Leurs quatre dernières sorties ont été stériles.

La malédiction des transversales

Avant la défaite face à la RDC, le Maroc avait enchaîné trois autres rencontres sans marquer : une défaite en match amical face à la Finlande (0-1), une semaine avant la CAN, et deux nuls vierges (0-0) lors de la phase qualificative pour la Coupe du monde 2018, contre la Côte d’Ivoire et le Gabon. Les commentaires sur l’absence de réalisme, le manque de chance ou la malédiction des transversales cachent un malaise : pour gagner, il faut marquer au moins une fois, ce que les Lions semblent ne plus savoir faire.

Pour trouver la trace d’un rendement offensif des Marocains, la meilleure référence est la CAN 2014 : 14 buts en six rencontres, jusqu’à une finale perdue face à la Tunisie 2-1. Les Lions de l’Atlas étaient alors entraînés par le Marocain Badou Zaki, qui a été remercié début 2016 et remplacé par Hervé Renard. D’où la nostalgie pour Zaki. « A quoi bon payer Renard 80 millions par mois alors que les entraîneurs étrangers n’apportent rien ? », s’agace Ahmed, en servant un noss-noss, moitié café, moitié lait, dans le centre-ville de Rabat. Officiellement, Hervé Renard a signé pour un salaire mensuel de 600 000 dirhams (56 000 euros) en janvier. La fédération lui a fixé l’objectif d’atteindre les demi-finales.

« Des enfants gâtés »

Mais il faut reconnaître que le sélectionneur français, double vainqueur de la compétition avec la Côte d’Ivoire (2015) et la Zambie (2012) n’a pas beaucoup d’options. Face aux Léopards, il a tenté un coup de poker en alignant Omar Al-Kaddouri et Aziz Bouhaddouz, deux joueurs qui n’étaient pas sur la liste des 23 début janvier. Le premier est sorti au bout d’une heure de jeu, sans laisser plus d’empreinte que le second, qui a joué jusqu’au coup de sifflet final.

En revanche, le vétéran Mbark Boussoufa (32 ans), souvent décrié par la presse locale mais maintenu par Hervé Renard, a été le meilleur sur le terrain d’Oyem, lundi. Même si lui non plus n’a pas marqué. « Les joueurs professionnels sont comme des enfants gâtés. Ils n’ont aucun amour pour le maillot national. On dirait qu’ils ont peur pour leurs jambes et ne jouent pas à 100 % », se désole un client du café. Même s’il jure qu’on ne l’y reprendra plus, il sera certainement devant son écran de télé, ce soir.