Martin Scorsese (chemise blanche) et la distribution des "Affranchis" (1990) : Ray Liotta, Robert De Niro, Paul Sorvino, Joe Pesci. | CINÉMATHÈQUE

  • A la Cinémathèque à Paris

Mercredi 14 octobre à 19 heures, Martin Scorsese présentera lui-même Taxi Driver, après avoir inauguré l’exposition qui sera présentée rue de Bercy jusqu’à la Saint-Valentin suivante (date, dans cette mythologie-là, d’un des plus sombres exploits d’Al Capone, et non fête des amoureux).

L’exposition elle-même est adaptée de celle qu’a montée la Deutsche Kinemathek de Berlin. Photographies de plateau, éléments de storyboards (un composant essentiel de l’écriture d’un film pour le réalisateur), etc. Etape par étape, on suit les incarnations successives du cinéma de Scorsese, dans sa diversité (les méchantes rues des années 1970 et le Tibet des années 1950, la cruauté de la haute société du XIXe siècle et l’exubérance de l’après-seconde guerre mondiale) et sa cohérence (la foi impossible, la trahison, le passage à l’acte violent).

Dans les salles de la Cinémathèque, on pourra voir l’intégralité de l’œuvre de Scorsese. Certes, la plupart de ses longs-métrages de fiction sont aisément accessibles, mais ses documentaires le sont moins, sans parler de ses courts-métrages de jeunesse (le très fellinien It’s not Just You, Murray, par exemple, qui date de 1964). On pourra ainsi découvrir Public Speaking (2010), consacré à la figure étonnante de Fran Lebowitz, figure de l’intelligentsia new-yorkaise qui n’a jamais écrit qu’un seul livre, ou voir sur grand écran Living in the Material Word (2011), le long et beau film consacré à George Harrison. Manque toujours, comme à chaque rétrospective, Street Scenes, seule incursion de Scorsese dans le cinéma militant, tourné en 1970 pendant les manifestations contre la guerre du Vietnam (cette précision pédante, pour que les complétistes ne se fassent pas d’illusions).

Le catalogue de l’exposition réunit un entretien de Martin Scorsese avec Kent Jones, l’actuel directeur du Festival de New York, et des propos de certains de ses collaborateurs. Il est également nourri de planches de storyboards et de photos, pour certaines très rares.

  • A l’Institut Lumière à Lyon

Le vendredi 16 octobre, Martin Scorsese recevra le prix Lumière des mains de Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux, point d’orgue du festival du même nom. Le premier a dirigé le cinéaste américain, qui tenait un second rôle dans Autour de minuit. Le second a lancé la World Cinema Foundation, devenue depuis le World Cinema Project, avec Scorsese, à Cannes en 2007. Depuis la création du Festival Lumière en 2009, les deux hommes rêvaient de faire venir l’auteur de Casino à Lyon. Il y donnera une masterclass, dans l’après-midi du 16 octobre, au Théâtre des Célestins.

Martin Scorsese et ses parents, Charles et Catherine, dans le documentaire "Italianamerican" (1974). | CINÉMATHÈQUE

La programmation du festival, du 12 au 18 octobre, propose à la fois une ample sélection d’œuvres de Scorsese, mais aussi, à travers une carte blanche, un aperçu du cinéma qui l’a nourri, celui de Kurosawa ou Hitchcock, bien sûr, mais aussi des raretés comme Law and Order, un western de 1932 dialogué par John Ford.La productrice Margaret Bodde, l’une des proches collaboratrices du cinéaste, présentera son travail de préservation du patrimoine mondial. La Noire de, de Sembène Ousmane ou La Momie, de l’Egyptien Chadi Abdel Salam seront projetés.

Enfin, comme le veut la règle du jeu du Festival Lumière, les films de Scorsese seront présentés par d’autres artistes, provoquant ainsi des rapprochements imprévus ou irréfutables : Abd al Malik lancera la projection d’Italianamerican (1974), le formidable documentaire que Scorsese a consacré à ses parents, et Léa Drucker celle des Nerfs à vif (1991).

  • En salles

Casino (1995) reste l’un des plus beaux films de Scorsese, un film d’automne qui met en scène la perte et le deuil dans les décors terrifiants de Las Vegas. C’est aussi l’un des rares grands rôles de femmes de la filmographie de Scorsese, confié à Sharon Stone qui n’a jamais atteint de tels sommets. Le film ressort le 14 octobre.

Casino Trailer
Durée : 02:32

La semaine suivante, double réédition des Nerfs à vif, le film original de Jack Lee Thompson (1962) avec Robert Mitchum et Gregory Peck et le remake réalisé par Scorsese en 1991 (le seul de sa carrière), dans lequel les rôles du juge et du criminel sont repris par Nick Nolte et Robert De Niro.

  • Dans les bacs et sur les rayons

Warner, qui fut le dernier studio à produire un film de Martin Scorsese (Les Affranchis), propose deux coffrets. Le premier, en Blu-Ray, réunit neuf longs-métrages : Taxi Driver, Les Affranchis, Casino, Gangs of New York, Les Infiltrés, Shutter Island, Living in The Material World, Hugo Cabret et Le Loup de Wall Street. La version DVD de l’objet propose en outre Who’s that Knocking on my Door?, le premier long-métrage de Scorsese et Alice n’est plus ici.

Enfin Universal Music édite un coffret de quatre CD qui offre un aperçu du paysage musical dans lequel s’est déployé le cinéma de Scorsese. On y trouvera aussi bien quelques-uns des titres utilisés par le cinéaste pour réinventer l’emploi de musiques préexistantes dans la mise en scène d’un film (voir Jumpin’ Jack Flash dans Mean Streets) que les partitions écrites pour lui, de Bernard Herrmann, le collaborateur de Hitchcock qui écrivit pour Taxi Driver ses dernières notes à Howard Shore (Les Infiltrés, Hugo Cabret) en passant par Peter Gabriel (La Dernière Tentation du Christ).