Le britannique Benjamin Clementine dans le nouveau clip de Gorillaz.

Montré en plan fixe, le chanteur britannique Benjamin Clementine se tient au centre d’un ascenseur aux parois vitrées. Elles servent d’écrans à la projection de diverses images et films. Les officiants d’un rituel dans un village africain, un extrait du dessin animé de John Halas et Joy Batchelor en 1954 d’après le roman La Ferme des animaux de George Orwell (1903-1950), critique des régimes autoritaires publiée en 1945, une marche de membres du Ku Klux Klan, des personnages de films d’horreur, les enfants mystérieux du Village des damnés dans le film réalisé en 1960 par Wolf Rilla (1920-2005), à deux ou trois reprises Clint Eastwood en cow boy, des danseurs de kabuki, théâtre traditionnel japonais, un arc-en-ciel… Et en ombre chinoises les personnages dessinés du groupe Gorillaz du chanteur et auteur-compositeur britannique Damon Albarn.

Hallelujah Money (feat. Benjamin Clementine) - Gorillaz
Durée : 04:31

Mis en ligne dans la matinée du 19 janvier sur le site américain d’hébergement de contenus YouTube, le vidéo-clip de la chanson Hallelujah Money, interprétée par Benjamin Clementine et Gorillaz, est accompagné d’une courte explication. Il s’agit pour le groupe d’apporter un « commentaire à un moment historique à fort poids politique ». En l’occurrence, à quelques heures de la cérémonie officielle d’investiture de Donald Trump, vendredi 20 janvier, durant laquelle il prêtera serment et prendra officiellement sa fonction de président des Etats-Unis. La chanson, évocation de la glorification de l’argent (son titre) et des promesses d’une prospérité retrouvée faites par le candidat Trump lors de la campagne électorale, a indéniablement un aspect message. Elle repose sur une musique assez monotone, qui rappelle les expérimentations de Gorillaz à partir des sons d’applications d’une tablette iPad dans l’album The Fall en 2010. Vendredi 20 janvier, à 15h30, elle dépassait les 2,8 millions de vues sur YouTube.

« Je t’ai donné le pouvoir, je peux te le reprendre »

Dans le même temps le groupe montréalais Arcade Fire avec la chanteuse soul Mavis Staples et le chanteur et auteur-compositeur américain Moby ont eux aussi mis en ligne dans la matinée du 19 janvier des chansons à message politique. Avec apparemment moins de succès en terme d’audience sur YouTube. Celle d’Arcade Fire et Mavis Staples, qui s’intitule I Give You Power, avait récolté un peu plus de 130 000 vues vendredi dans l’après-midi. Sur une base électro, avec un plan fixe sur une console de mixage, Win Butler, le chanteur du groupe et Mavis Staples, militante de longue date pour les droits civiques aux Etats-Unis, entonnent « je t’ai donné le pouvoir (…) je peux te le reprendre ». Et précisent leur propos dans une courte phrase « il n’a jamais été aussi important de se serrer les coudes et de prendre soin des uns les autres ». Arcade Fire avait participé à la tournée de soutien à Barack Obama lors de sa campagne électorale puis à un gala lors de son investiture.

Arcade Fire feat. Mavis Staples - I Give You Power
Durée : 03:44

Plus ouvertement dénonciateur, l’Américain Moby avec The Void Pacific Choir présente Erupt & Matter (près de 15 000 vues) aux accents martiaux traversés de stries rock cible clairement son ennemi, là aussi avec une phrase d’accompagnement : « l’extrême-droite raciste et vétuste qui empiète sur les libertés démocratiques dans la plupart des pays du monde occidental. Nous devons y répondre en protestant, en soutenant les progressistes et le plus important en votant. » Le vidéo-clip montre des extraits de manifestations anti-Trump, de dictateurs dont Bashar el-Assad et Mussolini, de personnalités de partis extrémistes et nationalistes, dont une image fugace d’un meeting de Marine Le Pen. Moby a régulièrement pris position contre les administrations républicaines aux Etats-Unis et avait été l’un des musiciens à figurer parmi les donateurs lors des campagnes des Démocrates Barack Obama et Hillary Clinton.

Moby & The Void Pacific Choir - Erupt & Matter (Official Video)
Durée : 03:19

De son côté, une partie du monde de l’art a choisi d’« accueillir » le nouveau président par un « acte de refus ». Des musées (le Musée national des Indiens américains et la Galerie Renwick à Washington, le Queens Museum à New York...) sont restés fermés vendredi pour une symbolique « grève de l’art ».