De nombreux électeurs ont dû se trouver dans ce cas au moment de voter pour le premier tour de la primaire à gauche, dimanche 22 janvier. Après un déménagement et afin d’être sûr de pouvoir voter pour les élections présidentielle et législatives de 2017, ils avaient fait part de leur changement d’adresse avant le 31 décembre 2016 et se sont vus attribuer un nouveau bureau de vote pour les scrutins à venir.

Or ces changements ne prendront légalement effet qu’au 1er mars. Où donc aller voter pour les scrutins qui se tiennent avant cette date, à savoir la primaire à gauche ? Dans l’ancien ou le nouveau bureau ? Les organisateurs de la primaire avaient prévu ce cas : « Dans ce cas, votre bureau de vote pour les primaires citoyennes des 22 et 29 janvier prochains correspond à votre nouvelle adresse postale (…) Le jour du vote il vous suffira de présenter une pièce d’identité ainsi que l’attestation d’inscription ou de demande d’inscription sur les listes électorales qui vous a été envoyée au cours de l’année 2016 par votre commune. »

Aucun problème donc pour aller voter dans le nouveau bureau de vote en présentant cette attestation, comme l’ont effectivement vérifié deux de nos reporters dans deux bureaux de vote de Paris. Les assesseurs ont dans les deux cas ajouté à la main le nom de ces votants sur les listes électorales.

Des assesseurs plus vigilants que d’autres

Mais, là où il semble y avoir un problème, c’est que rien n’a empêché ces deux personnes de voter également dans leur ancien bureau. Ils y ont simplement présenté leur carte d’identité et les assesseurs, après avoir vérifié qu’ils se trouvaient bien sur les listes – puisque celles-ci ne changeront qu’au 1er mars –, les ont laissés mettre leur bulletin dans l’urne. Pour ne pas altérer le résultat final, nos reporters ont voté blanc à chaque fois.

Sur notre suivi en direct, une lectrice du Monde.fr nous a également fait part d’un problème similaire. Elle raconte que les assesseurs de son bureau de vote indiqué par le site Internet de la primaire à gauche ne l’ont pas retrouvé sur les listes électorales, alors qu’elle n’a pas déménagé récemment.

« L’agent de bureau de vote m’a alors demandé mon adresse pour voter, sans la vérifier (mon passeport indique mon ancienne adresse, il ne m’a été demandé aucun justificatif de domicile), et j’ai pu être inscrit sur les listes complémentaires et voter », nous a-t-elle expliqué. Sur Twitter, une journaliste de Buzzfeed France, a fait part du même type d’irrégularités, expliquant avoir pu d’abord voter dans son nouveau bureau de vote sans justification, puis ensuite dans un deuxième bureau.

A l’inverse, plusieurs lecteurs nous ont également signalé des assesseurs particulièrement vigilants, refusant de laisser voter des personnes non inscrites sans justificatif de leur part. Le même genre de failles avait par ailleurs été constaté lors de la primaire de la droite, également pour des problèmes de rattachement aux bureaux de vote. Il était en effet possible de voter une première fois avec sa carte d’électeur dans son bureau habituel, puis une deuxième fois avec sa carte d’identité au bureau défini par la Haute autorité de la primaire, quand ce n’était pas le même.