Au lendemain du premier tour de la primaire à gauche, François Fillon a choisi de se rendre à Berlin, lundi 23 janvier. Le candidat à la présidentielle issu de la primaire de la droite a rencontré Angela Merkel, vers 12 heures à la chancellerie.

« Je suis venu lui présenter les priorités de mon projet présidentiel et mes priorités pour redresser l’Europe. Je suis venu lui dire que l’Europe est aujourd’hui en crise, qu’elle est menacée par la politique américaine, par la Russie, par la Chine et qu’elle a besoin de retrouver un vrai projet pragmatique construit sur des bases intergouvernementales », a commenté l’ancien premier ministre devant les caméras avant de répéter son ambition de renforcer l’axe franco-allemand. Pour lui, ce dernier est essentiel « pas pour des raisons romantiques, pas pour des raisons de célébrations ou pour des raisons historiques, ça c’est derrière nous mais pour des raisons de construction de l’avenir ».

« Sans une entente forte entre nos deux pays, il n’y a pas d’Europe et s’il n’y a pas d’Europe, notre continent est ouvert à tous, les Américains, les Russes, les Chinois et moi ce n’est pas du tout l’idée que je me fais de notre continent. »

Des désaccords, notamment sur les réfugiés

Lors de cette entrevue, M. Fillon a évoqué les points qui font plutôt consensus entre les deux pays : une meilleure gouvernance de la zone euro ou une politique de développement de l’Afrique que Mme Merkel doit présenter au prochain G20. M. Fillon a également mis sur la table sa proposition d’Alliance de défense, c’est-à-dire une meilleure coopération militaire entre la France et l’Allemagne alors que Donald Trump a récemment jugé « obsolète » l’OTAN.

Mais il reste de nombreux points de désaccords entre Paris et Berlin, notamment sur la question des réfugiés. « La France n’a pas à accepter des quotas de réfugiés. Cela regarde chaque Etat », a confié le candidat français à la sortie de son entrevue. Reste également l’épineuse question des relations avec Vladimir Poutine, le président russe. L’Allemagne ne veut surtout pas entendre parler d’une levée des sanctions alors que M. Fillon prône la fin de cette politique à condition que la Russie applique les accords de Minsk. « La question est comment retrouve-t-on un dialogue avec la Russie tout en défendant nos intérêts. Les sanctions n’ont eu aucune efficacité », a estimé M. Fillon.

« J’affronterai les adversaires que l’on me donnera »

François Fillon s’est recueillis sur les lieux de l’attentat qui avait fait douze morts à Berlin le 19 décembre. | TOBIAS SCHWARZ / AFP

Avant de faire un discours sur l’Europe devant la fondation Konrad Adenauer, le candidat français doit encore rencontrer le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble lundi. Une entrevue où il sera question du déficit prévu par M. Fillon en cas d’élection, c’est-à-dire 3,6 %. Pour faire passer cela aux Allemands, l’ancien premier ministre a répété qu’il comptait engager des réformes de structure dans les trois premiers mois de son élection.

De Berlin, le candidat de la droite a commenté le résultat du premier tour de la primaire à gauche de façon assez lapidaire en se projetant sur une défaite de Manuel Valls :

« J’affronterai les adversaires que l’on me donnera, je n’ai pas de jugement à porter sur le choix des électeurs de gauche. Ce que je constate c’est qu’il va y avoir trois candidats de gauche : monsieur Mélenchon pour l’extrême gauche, monsieur Macron qui va porter la politique de François Hollande car c’est le seul qui ne la rejette pas et puis sans doute les frondeurs du PS [avec Benoît Hamon]. »