Benoît Hamon, candidat à la primaire de la gauche pour la présidentielle 2017, parle devant les médias après l'annonce des résultats du premier tour de la primaire de la gauche sur la péniche Le Quai à Paris, le 22 janvier. | JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

La victoire de Benoît Hamon au premier tour de la primaire de la gauche ne laisse guère de raisons d’espérer une victoire du PS à la prochaine élection présidentielle. Mais les fortes participations aux primaires de la droite et, dans une moindre mesure, de la primaire à gauche, montrent que « le choix de la politique persiste chez un certain nombre de Français », comme le signale l’historien Vincent Duclert.

Les « déchirements en interne et en boucle disqualifient un Parti socialiste autocentré », explique le politologue Christophe de Voogd qui fustige cette « obsession de soi-même, ce fonctionnement et ces déchirements en interne et en boucle qui disqualifient un Parti socialiste autocentré, comme ils ont tué jadis la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) ».

Poussons la comparaison jusqu’au bout. Les raisons d’espérer ne manquent pas : entre l’effondrement historique de 1969 et la renaissance symbolisée en 1971 par le congrès d’Epinay, deux ans seulement se sont écoulés, poursuit-il. Il reste au PS de « trouver une nouvelle doctrine, adaptée au XXIe siècle, un nouveau leader et surtout un nouveau discours : un discours de gauche qui parle enfin de la France aux Français »… comme « Manuel Valls l’a amorcé », conclut-il.

« Une candidature de témoignage »

Optimiste, Vincent Duclert estime que la primaire à gauche « laisse ouverts de fragiles possibles, notamment l’espoir d’une redéfinition de la gauche ». Selon lui, « si Vincent Peillon a échoué dans son pari d’un retour au sommet, ses idées peuvent encore servir. A Benoît Hamon, qui défend leur protection mais ne voit ni la République ni l’Europe ni le monde, il faudrait la vision citoyenne, européenne et humaniste de Vincent Peillon ».

Pour le politologue Nicolas Sauger, qui constate qu’à droite comme à gauche, la victoire revient au « troisième homme », « une lourde défaite électorale apparaît probable ». Pour lui, « Il existe aujourd’hui un consensus réel dans l’opinion pour dire que la candidature socialiste sera, pour cette élection, une candidature de témoignage ». Pas de nouvelle ère à attendre : « Cette compétition n’est pas celle d’une première phase de reconstruction mais plutôt la poursuite d’une déstructuration déjà largement entamée » et elle contribue plus généralement « à précipiter le cycle de la désaffection politique ».

A lire sur le sujet :

– Primaires à gauche : la « petite victoire » de ces « hommes ordinaires », par Vincent Duclert, professeur à Sciences Po, chercheur au Cespra-EHESS. Le succès de Benoît Hamon montre qu’il faut entendre les électeurs quand ils réclament que soient relancées les dynamiques de justice ; la gauche doit les entendre, selon l’historien.

A droite comme à gauche, c’est le « troisième homme » qui l’emporte, par Nicolas Sauger, professeur de science politique à Sciences Po. Benoît Hamon et François Fillon sont apparus comme des hommes neufs malgré une expérience du gouvernement. Ils ont une forte implantation dans leur parti et ont proposé un positionnement affirmé, explique le politologue.

Le Parti socialiste « parle de la gauche à la gauche », par Christophe de Voogd, membre du conseil scientifique de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol). Depuis le gouvernement Jospin, l’état et les besoins de la France sont absents des discours du PS. Ce qui explique ses débâcles électorales, selon le politologue.