Le projet d’oléoduc Keystone XL, relancé le 24 janvier par Donald Trump, doit relier les champs de sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta aux raffineries américaines du golfe du Mexique. | NICHOLAS KAMM / AFP

Le président Donald Trump a poursuivi mardi 24 janvier son entreprise de démolition des politiques de son prédécesseur, Barack Obama, en autorisant la construction de deux oléoducs controversés. Le gouvernement Obama avait bloqué ces deux projets en mettant en avant des préoccupations liées à l’environnement. Lundi, déjà, M. Trump a enterré un projet d’accord de libre-échange avec des pays riverains du Pacifique.

Entouré de conseillers exclusivement masculins, il a également restauré une disposition supprimant tout versement de fonds à des organisations non gouvernementales étrangères défendant l’avortement, et gelé toute embauche dans la fonction publique fédérale. Sean Spicer, son porte-parole, avait argué lundi d’une « hausse considérable » du nombre de fonctionnaires fédéraux alors que leur proportion dans la population active est au plus bas.

Le projet le plus emblématique relancé mardi par M. Trump, Keystone XL, doit relier les champs de sables bitumineux de la province canadienne de l’Alberta aux raffineries américaines du golfe du Mexique. Le tronçon sud de Keystone XL est déjà en place. Il ne reste plus qu’à construire la partie qui permettrait d’augmenter les capacités déjà existantes, entre la frontière canadienne et l’Etat du Nebraska. Il est activement combattu par des organisations écologistes qui mettent en avant le fait que ce mode d’extraction de pétrole compte parmi les plus polluants.

Tensions politiques entre Washington et Ottawa

Très favorable aux énergies fossiles, M. Trump reprend à cette occasion un thème très en vogue dans le camp républicain, qui l’a d’ailleurs toujours mis en avant : la création d’emplois engendrée par ce projet. Le département d’Etat avait relativisé ce facteur dans un rapport sur lequel le président Obama s’était appuyé pour bloquer le projet le 6 novembre 2015, estimant qu’il n’était pas « dans l’intérêt national des Etats-Unis ». M. Trump a d’ailleurs dit mardi qu’il souhaitait renégocier le projet pour obtenir un partage des gains plus favorable aux Etats-Unis et qu’il souhaitait que des produits américains soient utilisés dans ces projets.

Avant son blocage, le gel de ce projet avait entraîné des tensions politiques entre Washington et Ottawa. Le premier ministre conservateur Stephen Harper militait en effet activement pour cet oléoduc. Son successeur, le libéral Justin Trudeau, semble beaucoup plus réservé. Après avoir approuvé une augmentation des capacités d’oléoducs canadiens existants, en novembre, il s’est prononcé en revanche le 13 janvier pour une sortie progressive de cette extraction pétrolière coûteuse, qui n’est rentable qu’à partir d’un niveau élevé du prix du baril.

Des réglementations qui vont « trop loin »

Le second projet également très avancé, Dakota Access, avait été gelé en décembre par le gouvernement démocrate. Il avait demandé alors une nouvelle étude à propos du tracé qui doit relier à l’Illinois les gisements de pétrole de schiste du Dakota du Nord. Ce tracé doit passer sous la rivière Missouri, au sud de la capitale de cet Etat, Bismarck, ce qui a entraîné la forte mobilisation de tribus indiennes, soutenues également par des organisations écologistes. Elles sont inquiètes des conséquences d’éventuelles fuites pour leur environnement. Les partisans du projet mettent en avant les catastrophes liées au transport de ce pétrole par voie ferroviaire, comme celle de Lac-Mégantic, au Canada, en 2013.

Le président Trump, qui recevait lundi des chefs d’entreprise, a annoncé la fin prochaine de réglementations jugées néfastes pour l’économie. Celles liées à la protection de l’environnement sont particulièrement visées. A cette occasion, M. Trump a assuré qu’elles vont « trop loin ». Il s’est dit par ailleurs très attaché à l’environnement, et a dit avoir reçu des distinctions à ce sujet. The Washington Post n’en a cependant retrouvé aucune trace.

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