C’est une mauvaise nouvelle pour François Hollande. Certes, le président qui avait conditionné sa candidature à sa propre réélection en 2017 à l’inversion de la courbe du chômage n’est plus dans la course, et n’a donc plus les yeux rivés sur les chiffres mensuels. Mais candidat ou pas, M. Hollande a un bilan à défendre. Et les chiffres publiés, mardi 24 janvier, par Pôle emploi et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), le service des statistiques du ministère du travail, ne vont pas l’y aider.

En décembre 2016, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A, la plus scrutée par les observateurs car considérée comme la plus significative, a augmenté de 26 100 par rapport au mois de novembre. Soit 0,8 % de plus. En tout, le nombre de chômeurs n’exerçant aucune activité et tenus de chercher un emploi se monte donc, en décembre, à 3,47 millions de personnes. De quoi compenser la baisse de 0,9 % observée au mois de novembre.

Public particulièrement sensible, les demandeurs d’emploi de moins de 25 ans voient leur nombre grimper de 3 400 sur ce même mois.

Les fins de CDD en cause

L’explication de ces mauvais chiffres serait à chercher du côté des fins de CDD de cette fin d’année. « Le nombre de contrats courts arrivés à échéance a augmenté de 3 % au mois de décembre », explique une source gouvernementale. Les mauvaises conditions météorologiques et l’absence de neige dans certaines stations de ski à basse altitude auraient, en outre, selon cette source, freiné les embauches de saisonniers. Mais aucun fait statistique ne vient corroborer cette thèse.

Au ministère du travail, on tente de relativiser : « Après trois mois consécutifs de baisse, ce résultat rappelle une nouvelle fois que les périodes de reprise de l’activité se caractérisent par des variations mensuelles plus ou moins fortes qui imposent d’analyser les résultats en tendance », écrit la rue de Grenelle dans un communiqué.

De fait, les chiffres de décembre ont beau être mauvais, la photographie de l’année 2016 donnée mardi est plutôt bonne. Selon les statistiques de la Dares, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A a fondu de 107 400 en un an. Une première depuis 2008, année où la crise des « subprimes » a atteint la France, provoquant une hausse ininterrompue du nombre de demandeurs d’emplois dans l’Hexagone. Autre bonne nouvelle, 2016 a aussi vu le nombre de chômeurs de longue durée baisser de 58 300 personnes (- 2,4 %).

La France s’est remise à créer des emplois

Les jeunes chômeurs de moins de 25 ans ont eux aussi connu une bonne année statistique, en dépit de l’accident de décembre : Ils sont 46 100 (- 8,8 %) de moins à rechercher un emploi.

Si les raisons données par les économistes quant à cette embellie constatée en 2016 divergent, le ministère du travail, lui, y voit le résultat des politiques menées par le gouvernement en faveur des entreprises (CICE, primes à l’embauche…)

« Les dispositifs que nous avons mis en œuvre ont contribué à dynamiser la création d’emploi salarié depuis deux ans (…). Cette étape constituait un préalable à la baisse du chômage qui s’est enclenchée dès le premier trimestre 2016 », écrit la rue de Grenelle dans un communiqué.

Une chose est certaine, en 2015 et 2016, la France s’est remise à créer des emplois : 237 000 postes ont été ouverts dans le secteur marchand sur les dix-huit derniers mois, dont 51 200 sur la période de juillet à septembre. Le meilleur chiffre depuis 2008, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques

« 2016 marque la première baisse du chômage sur une année depuis 2007. Intervenant en effet après huit années consécutives de hausse, elle aura principalement profité aux jeunes dont le nombre d’inscrits à Pôle emploi retombe à son niveau de mi-2011 », s’est félicitée mardi Myriam El Khomri, la ministre de l’emploi, dans un communiqué.