L’opérateur ferroviaire Camrail, contrôlé à hauteur de 77,4 % par le groupe Bolloré, est « totalement et pleinement responsable » de la catastrophe ferroviaire meurtrière d’Eseka, au Cameroun, le 21 octobre 2016. C’est la conclusion d’un des quatre rapports d’experts dans le cadre d’une enquête officielle commandée par le président camerounais Paul Biya et dont les résultats n’ont pas encore été publiés. Une enquête judiciaire est également en cours.

« Erreurs graves et décisions inconséquentes »

Le document, dont les conclusions ne seront pas nécessairement reprises par le rapport définitif du gouvernement, fait état d’une série de défaillances techniques et administratives par Camrail qui auraient contribué à l’accident. La filiale de Bolloré n’avait pas respecté les limites en termes de capacité et de poids devant l’augmentation exceptionnelle du nombre des passagers dû ce jour-là.

« Il n’y avait pas de situation de force majeure, et nous n’avons pas noté non plus de cause externe. La catastrophe est en conséquence totalement imputable à Camrail et à ses dirigeants au plus haut niveau », est-il écrit dans le rapport. « La survitesse du train n’est que la conséquence des défaillances techniques connues de longue date, des erreurs graves et des décisions inconséquentes qui ont été prises lors de la formation du train et de son départ de la gare de Yaoundé, alors que son système de freinage était gravement défaillant », poursuit le document. Le train n’avait pas fait l’objet d’une inspection et 13 de ses 17 voitures étaient équipées de systèmes de freinage inadéquats, selon le rapport, qui ajoute que les responsables de Camrail ont ignoré les mises en garde du personnel sur ces défaillances techniques.

Vitesse « anormalement » élevée

Le train 152 VE qui assurait la liaison entre Yaoundé et la capitale économique Douala, était bondé lorsqu’il a déraillé en fin de matinée le 21 octobre 2016 à l’entrée de la gare d’Eseka, à 200 km au sud de Yaoundé. Il avait été pris d’assaut par les passagers après l’effondrement d’un pont sur l’axe routier reliant les deux villes, interrompant toute circulation.

Le train circulait à une vitesse « anormalement élevée », avait reconnu quatre jours après la catastrophe Eric Melet, président de Bolloré Africa Railways, l’exploitant de la ligne de chemin de fer. Il avait ajouté que la décision de doubler le nombre de voitures du convoi pour faire face à la forte demande avait été autorisée par les autorités et que le nombre de passagers supplémentaires était conforme à la capacité des voitures.

Les autorités camerounaises ont fait état de 79 morts et d’au moins 550 blessées immédiatement après l’accident, mais n’ont pas communiqué de bilan définitif depuis.