Le minsitre de la justice, Ard Van der Steur, a présenté sa démission le 26 janvier. | BART MAAT / AFP

Le ministre néerlandais de la justice a présenté sa démission, jeudi 26 janvier, après qu’un scandale est revenu hanter le gouvernement du premier ministre libéral Mark Rutte, à sept mois des élections législatives.

Ard Van der Steur est la quatrième personne politique de premier plan et membre du Parti populaire libéral et démocrate (centre-droit, VVD) de M. Rutte à quitter son poste en deux ans, à la suite de révélations sur l’indemnisation en 2000 d’un baron de la drogue.

Il lui est reproché par l’opposition d’avoir dissimulé, lorsqu’il était simple député, des informations importantes concernant la compensation reçue de l’Etat néerlandais par ce trafiquant.

4,7 millions de florins

Cees H., à la tête d’un réseau international de trafic de drogue dans les années 1980 et 1990, a vu ses comptes au Luxembourg saisis lors d’une enquête en 1993. Mais dans l’incapacité de prouver que ces biens provenaient de ce commerce, la justice a été contrainte en 2000 de lui en rembourser une partie. Le ministre de la justice de l’époque, Ivo Opstelten, avait dans un premier temps en 2014 affirmé qu’il n’y avait pas de trace de cette indemnisation.

Des documents du ministère dévoilés en mars 2015 avaient pourtant montré que Cees H. avait en réalité reçu 4,7 millions de florins (2,13 millions d’euros). La somme a transité par des comptes luxembourgeois, sans prévenir les autorités fiscales. Ces révélations avaient provoqué la démission immédiate d’Ivo Opstelten. Son adjoint Fred Teeven, qui était en 2000 le magistrat qui a signé l’accord d’indemnisation avec le trafiquant sans l’aval de ses supérieurs, avait quitté ses fonctions en même temps que lui.

Troisième à démissionner en décembre 2015, la présidente de la chambre basse du Parlement Anouchka van Miltenburg était accusée par l’opposition d’avoir caché à la commission d’enquête parlementaire des éléments essentiels sur cette affaire.

« Accusations infondées »

De nouvelles informations dévoilées cette semaine ont pointé du doigt M. Van der Steur, qui n’aurait pas informé la chambre du montant de cette indemnisation dont il avait pourtant connaissance.

« A cause de votre intervention, les chiffres ont été retirés de la réponse [parlementaire]. Vous auriez simplement dû en informer la chambre basse », a martelé le député du Parti pour la liberté (droite radicale, PVV), Geert Wilders. « Vous nous avez fait passer pour des imbéciles », a-t-il ajouté, qualifiant le premier ministre de « parrain d’un parti mafieux ».

M. Van der Steur a toutefois démenti tout mauvais acte. « Je voulais me défendre contre ces accusations qui sont infondées et qui ne sont pas basées sur les faits », a-t-il déclaré avant de quitter le Parlement. « C’était une bataille que nous ne pouvions plus gagner », a ensuite réagi M. Rutte auprès des journalistes. « Je respecte » la décision du ministre.

Le retour de ce scandale politique pourrait porter un coup à l’actuel premier ministre dans les sondages et rebattre les cartes politiques alors que l’écart entre le VVD et le PVV, en tête depuis plusieurs mois, se réduit selon un agrégat de plusieurs sondages diffusé la semaine dernière. Les Néerlandais donneront le 15 mars le coup d’envoi d’une année de « superélections » en Europe.