Pour le patron des opérations humanitaires des Nations unies (ONU), il s’agit « à présent [de] la plus grande urgence pour la sécurité alimentaire dans le monde ». Si rien n’est fait, le conflit qui déchire le Yémen menace la population de famine dans les mois à venir, a alerté jeudi 26 janvier le diplomate Stephen O’Brien.

« Sans action immédiate, la famine est un scénario possible pour 2017 », s’est-il inquiété au Conseil de sécurité de l’ONU. Environ 14 millions de personnes, soit 80 % de la population du pays, ont besoin d’aide alimentaire et deux millions ont même besoin d’une aide d’urgence pour survivre, a souligné le Britannique.

La situation est particulièrement alarmante pour les enfants : 2,2 millions d’entre eux souffrent de malnutrition, une augmentation de 53 % par rapport à 2015. « Dans l’ensemble le sort des enfants reste sombre : un enfant de moins de 10 ans meurt toutes les 10 minutes de causes évitables », a ajouté M. O’Brien.

Aggravation de la crise humanitaire

Le pays est déchiré par un conflit depuis qu’une coalition internationale menée par l’Arabie saoudite a commencé en mars 2015 une campagne de bombardements pour repousser les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, qui ont pris le contrôle de la capitale Sanaa et d’autres parties du pays.

La fermeture de l’aéroport de la ville a pesé lourd sur le sort des civils : les médicaments ne peuvent plus être acheminés par avion et les Yéménites ne peuvent pas aller se faire soigner à l’étranger.

Les stocks de blé du pays pourraient être épuisés dans les mois à venir car les banques étrangères n’acceptent plus de transactions financières avec les banques commerciales locales.

Déjà près de 10 000 victimes civiles

Le Yémen est presque entièrement dépendant des importations, dont une grosse partie arrive par le port de Hodeïda, bombardé par la coalition menée par l’Arabie saoudite en 2015.

Selon M. O’Brien, la coalition a ordonné à un navire transportant quatre grues mobiles pour le port de quitter les eaux yéménites, et il attend à présent l’accord de Riyad pour livrer ces nouveaux équipements. Les grues permettraient d’améliorer les capacités du port pour décharger l’aide humanitaire acheminée par bateau.

L’ONU appelle à un cessez-le-feu au Yémen pour permettre la livraison d’aide humanitaire d’urgence et la reprise de discussions politiques pour mettre fin à une guerre qui a déjà causé la mort de près de 10 000 civils, selon les responsables des Nations unies.