La première ministre britannique Theresa May en visite aux Etats-Unis le 26 janvier. | Christopher Furlong / AFP

A les écouter, signer un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne serait presque qu’une formalité. « Je suis ravie que la nouvelle administration [en] ait fait une de ses premières priorités », a lancé Theresa May, jeudi 26 juin, devant des républicains rassemblés à Philadelphie. La première ministre britannique reconnaît que cela nécessitera « un travail détaillé », mais dit être impatiente de commencer les discussions, « dans les prochains mois ».

Avant de la rencontrer vendredi, Donald Trump lui a répondu indirectement en signalant regretter que son secrétaire au commerce, Wilbur Ross, n’ait pas encore été confirmé par le Sénat. « Je rencontre la première ministre demain et je n’ai pas mon secrétaire au commerce pour parler commerce… Il va falloir que je m’en occupe moi-même », a plaisanté le président américain.

La volonté politique de mettre en place cet accord est donc évidente. Les difficultés techniques sont en revanche très nombreuses. La principale difficulté est le déséquilibre entre les deux partenaires : le Royaume-Uni, 65 millions d’habitants et cinquième économie mondiale, fait face aux Etats-Unis, 320 millions d’habitants et un produit intérieur brut presque sept fois supérieur.

Unifier les normes

Pour M. Trump, qui envisage les négociations comme un chef d’entreprise, avec un gagnant et un perdant, la tentation d’imposer ses conditions devrait être énorme. Le secteur de l’agroalimentaire américain rêverait de trouver un nouveau débouché à ses OGM, ses bœufs élevés aux hormones et ses poulets lavés au chlore. Dans la santé, les assureurs devraient être tentés d’ouvrir à la concurrence le système de santé britannique, le National Health Service, actuellement entièrement gratuit.

Ces difficultés étaient déjà apparues pendant les négociations sur le fameux traité de libre-échange transatlantique (TTIP), négocié depuis des années entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Les discussions ont finalement échoué, notamment à cause de ces dossiers. En se retrouvant seul, sans le poids économique de l’Union, Londres risque de devoir faire d’importantes concessions.

Par ailleurs, le président américain s’est fait élire sur des promesses protectionnistes, pas sur une ouverture au monde. « Il y a une contradiction, souligne Heather Conley, du think tank Center for Strategic and International Studies. Comment va-t-il travailler sur un tel accord bilatéral ? On ne sait vraiment pas. »

Enfin, les années de discussions sur le TTIP en sont la preuve : il ne s’agit pas tant de baisser les droits de douane, qui sont déjà relativement faibles grâce aux règles de l’Organisation mondiale du commerce, mais de travailler à unifier les normes, ce qui est plus difficile.

Le rapprochement entre les deux économies n’en reste pas moins intéressant. Les Etats-Unis sont le premier pays d’exportation des entreprises britanniques et le Royaume-Uni le cinquième pour les entreprises américaines. « Les entreprises britanniques ont des employés dans tous les Etats américains, du Texas au Vermont », a rappelé Mme May. Mais le chemin vers un accord de libre-échange entre les deux pays sera long.