L’un se veut rassembleur, l’autre reste à l’offensive au lendemain de leur duel télévisé et à trois jours du second tour de la primaire organisée par la Belle alliance populaire. Respectivement en meeting à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et à Alfortville (Val-de-Marne), Benoît Hamon, en position de force, et Manuel Valls ont jeudi 26 janvier de nouveau eu l’occasion d’exposer leurs divergences entre deux visions de la gauche.

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  • Valls pointe le « quinquennat à 500 milliards » de Hamon

S’exprimant devant quelque 500 personnes, Manuel Valls (31,48 % des voix au premier tour) a maintenu ses critiques à l’égard du revenu universel cher à son rival. « Ce que propose Benoît Hamon, c’est un quinquennat à 500 milliards. Personne ne trouve cela crédible. Personne ne pense un seul instant qu’on peut se faire élire sur un tel programme », a dit l’ancien premier ministre, en ballottage défavorable. Il a répété une formule déjà testée mercredi soir face à M. Hamon : « Je ne veux pas être le candidat de la feuille d’impôt, je veux être le candidat de la feuille de paie. »

« Une société où les robots travailleraient à notre place, où ils paieraient les impôts à notre place, une semaine où on travaillerait 32 heures : tout cela n’est pas sérieux. Les rêves sont ceux des gens qui travaillent, qui travaillent dur pour s’en sortir – pas des gens qui ont déjà tout », a-t-il encore raillé.

M. Valls, qui juge son rival « ambigu » face à l’islamisme radical, veut que le vote de dimanche « soit une sorte de référendum pour la conception de la laïcité qui doit être la nôtre ». « Mon projet il n’est pas catholique, mon projet il n’est pas juif, il n’est pas musulman. Il est de gauche, il est républicain », a-t-il dit.

L’ancien chef de gouvernement a par ailleurs vanté sa « gauche de vérité ». « Je refuse de promettre n’importe quoi pour gagner […] Je veux une gauche de la vérité, qui dit ce qu’elle fait et ce qu’elle dit », a-t-il expliqué. Plus tôt sur l’antenne d’Europe 1, il avait déjà appelé à faire le choix d’un « chemin possible » pour éviter la « déception et l’illusion ». « Je ne veux pas que lundi il y ait la gueule de bois », a-t-il ajouté.

  • Hamon se pose en « candidat qui peut rassembler »

Devant un public chauffé à blanc d’environ 3 000 personnes, Benoît Hamon (36,03 % des voix) n’a pas non plus manqué de piquer son rival, moquant ceux qui voient en M. Valls la meilleure chance pour son camp, « comme si la ligne [politique] qui a fait perdre [au Parti socialiste] toutes les élections intermédiaires depuis 2012 pouvait nous faire gagner ».

L’ancien ministre de l’éducation a aussi moqué « ceux qui n’ont pas eu la main qui tremble pour mettre quarante milliards d’euros sur la table sans contrepartie », dans le cadre du crédit impôt compétitivité emploi (CICE) et du pacte de responsabilité.

Mais M. Hamon s’est surtout posé en candidat du rassemblement. Le « choix est assez simple, entre un candidat qui peut rassembler la gauche, et un candidat qui la clive », a-t-il déclaré au terme d’un discours d’environ une heure et quart.

Dans la matinée, sur BFMTV, il avait aussi tenté de minimiser ses divergences avec son adversaire. « L’exercice de la primaire ne facilite pas les convergences puisqu’on insiste sur ce qui clive », avait-il reconnu, soulignant que les deux hommes s’étaient retrouvés sur certains points du débat comme « la transition écologique ».

  • Mélenchon refuse la main tendue de Hamon

Prenant de la hauteur, M. Hamon, qui peut se targuer du soutien d’Arnaud Montebourg (17,52 %), a aussi promis que s’il remportait la primaire dimanche, il commencerait dès lundi « à s’adresser aux autres dirigeants de la gauche », l’écologiste Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon (chef de file de La France insoumise) ou le communiste Pierre Laurent. Emmanuel Macron (mouvement En Marche !) devra en revanche, selon M. Hamon, « clarifier [l] e point » de son éventuelle appartenance à la gauche.

M. Mélenchon n’a cependant pas saisi la main tendue, en raillant lors d’une réunion à Périgueux les supposés revirements de M. Hamon concernant l’application de son revenu universel. « Quelque chose qui commence avec le revenu universel et qui finit avec un RSA amélioré, ce n’est pas sérieux », a ironisé le leader de La France insoumise.

Primaire de la gauche : trois questions pour comprendre le second tour
Durée : 04:38
Images : Anna Moreau