Documentaire sur France 3 à 20 h 55

Brigitte Bardot Amoureuse
Durée : 03:33

Bardot amoureuse (2016), coécrit par Rachel Kahn et Virginie Linhartet réalisé par cette dernière, retrace la vie personnelle tumultueuse et la carrière inégale (« Une cinquantaine de films dont une poignée de chefs-d’œuvre », rappelle-t-on dans l’introduction) de la comédienne et chanteuse en s’arrêtant en 1973, l’année où « BB » décida, au faîte de sa splendeur, de mettre un point final à la seconde – pas forcément à la première. En prenant comme angle les amours nombreuses de l’actrice, dont Roger Vadim, le premier de ses hommes, avait dit, avec une certaine prescience, « qu’elles duraient deux ans », les auteures tentent de donner une singularité à leur propos.

Entre amour et haine

Qui ne connaît pas Bardot apprendra certes ici l’essentiel des faits la concernant. Mais une tenace impression de déjà-vu s’installe alors que défilent de nombreux extraits d’émissions et d’actualités télévisées déjà connues – y compris les films amateurs tournés par sa famille. Ces documents tentaient, comme le font Kahn et Linhart, de percer le mystère de cette fille qu’on prit trop souvent – et à son corps souvent consentant, à ses débuts – pour une ravissante idiote.

Ce qu’elle n’était pas : outre la vive répartie qu’elle dit avoir héritée de sa mère, Bardot avait pour elle une vive et saine lucidité dont beaucoup de ses commentaires – puisés dans ses écrits et dans ses interventions radiophoniques – témoignent éloquemment. On repasse par les mêmes étapes de cette vie jugée scandaleuse par un public qui lui voua une attention où la haine était aussi grande que la fascination : la jeune fille fine mais bustée qui abandonne sa carrière de ballerine à 16 ans ; les premières couvertures pour Elle (faites pour « gagner deux francs trois ronds ») ; l’accouchement douloureux d’un fils qu’elle ne voulait pas (après quelques avortements traumatisants, dont l’un menaça sa vie) ; les images de l’immeuble de l’avenue Paul-Doumer, à Paris, où Bardot dut si souvent se cloîtrer pour échapper aux reporters indiscrets et aux paparazzis. Etc.

Brigitte Bardot à Cannes en 1955. | Kary Lasch / TT NEWS AGENCY/AFP

Cependant, Rachel Kahn et Virginie Linhart ont fouillé certains fonds moins connus et, sauf erreur de mémoire, déniché quelques pépites. Comme par exemple ce retour au tutu, un soir de réveillon télévisé, le 31 janvier 1958, en duo avec un danseur du Ballet de l’Opéra de Paris. On notera aussi l’exhumation de clips où l’on entend Bardot chanter d’improbables titres, comme « Vous ma Lady », un duo avec Laurent ­Vergez, son amant du moment… Le commentaire n’évite pas les formules faciles (« l’arrivée du bébé de BB »), voire vulgaires (« la nature de Brigitte Bardot a horreur du vide »). Surtout, il est dit, par le pourtant excellent comédien Hugo Becker, sur le ton d’un chauffagiste pressé d’en finir, expliquant la réparation des pièces qu’il s’apprête à faire sur une chaudière.

De meilleurs portraits

Laurent Delahousse avait consacré à Bardot l’un des numéros d’« Un jour, un destin », sur France 2, en septembre 2014. Le journaliste était même parvenu à filmer, de profil, celle qui ne s’était plus montrée à la télévision depuis2003. Mais le plus beau et singulier des portraits qui lui furent consacrés demeure La Méprise, de David Teboul, qu’Arte a diffusé en novembre 2013 (le film est disponible en DVD). Bardot n’y figurait pas, mais en laissant au cinéaste l’accès à sa maison, filmée comme un mausolée désolé, Brigitte ­Bardot était parvenue, in absentia, à être présente comme jamais.

Bardot amoureuse, de Virginie Linhart (Fr., 2016, 110 min).