Que se passerait-il si François Fillon retirait sa candidature ? Les textes qui régissent la vie politique du parti Les Républicains (LR) n’ont pas vraiment prévu cette hypothèse. La charte de la primaire est caduque car elle servait à organiser le scrutin de l’automne 2016. Il faut donc se référer aux statuts du parti. Le chapitre 38 prévoit seulement que le candidat « est désigné à l’occasion d’une primaire ouverte ». En théorie, il faudrait donc organiser une nouvelle élection.

Reste à savoir si cela serait possible dans le temps qui resterait avant le premier tour. « S’ils me le demandent maintenant, ce serait déjà très compliqué. S’ils me le demandent dans quinze jours, ça serait impossible », explique Anne Levade, présidente de la Haute Autorité de la primaire. Jusqu’à sa dissolution prévue le 31 mars 2017, cette instance possède encore la liste électorale. Mais il faudrait trouver de nouveau des bureaux de vote, des présidents et des assesseurs, imprimer des bulletins… Cette possibilité paraît donc impossible d’un point de vue logistique.

Néant juridique

Une autre solution s’offre à LR. Les statuts prévoient en effet un cas de force majeure : celui où le parti n’aurait pas le temps d’organiser une primaire. L’article 38 évoque le cas d’élections anticipées à cause par exemple de la mort d’un président. S’il était contraint par le temps, il reviendrait alors au bureau politique du parti de décider du moyen de désigner un nouveau candidat : organisation d’un congrès, vote du bureau politique, remplacement par celui arrivé deuxième de la primaire… Tous les moyens pourraient être envisagées.

La pire des situations pour la droite serait que le candidat se retire après le 22 mars, date du dépôt des candidatures des participants à l’élection présidentielle. Dans ce cas-là, les dirigeants de la droite entreraient dans un néant juridique. Pour l’instant, personne n’ose encore envisager une mise en examen et un retrait du candidat avant le premier tour : « On est dans la politique-fiction car je n’imagine pas une mise en examen dans un délai aussi court. Sans compter que le pouvoir judiciaire prendrait alors une responsabilité énorme sur le déroulement de la présidentielle », estime Mme Levade.