Depuis les résultats du premier tour de la primaire à gauche, Manuel Valls et Benoît Hamon, encore en lice pour décrocher l’investiture du PS pour la présidentielle, ont fait assaut de formules chocs pour se départager.

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Dès le lendemain du premier tour, Manuel Valls dévoile sa stratégie d’attaque : voter Hamon, c’est courir à la défaite. L’ancien premier ministre va jusqu’à sous-entendre que son adversaire n’entend même pas gouverner, après que Benoît Hamon a fait « référence à [Jeremy] Corbyn [du Parti travailliste britannique], qui a fait le choix de rester dans l’opposition. »

« Un choix clair s’offre aux Français. Est-ce que la gauche renonce à gouverner ? » (Manuel Valls) | Le Monde

Benoît Hamon refuse tout d’abord de répondre coup pour coup, restant sobre dans ses répliques à Manuel Valls.

« Si c’est ce genre d’argument qui est utilisé, je les lui laisse. Je n’ai jamais dénigré qui que ce soit pendant cette campagne. Je ne procède pas par oukases. » (Benoît Hamon) | Le Monde

Mais Manuel Valls refuse l’apaisement plaidé par Benoît Hamon et renchérit lundi soir sur TF1, en anglant cette fois ses attaques sur la question de la laïcité. L’ancien premier ministre s’appuie pour cela sur la réaction jugée « ambiguë » de son adversaire à un reportage sur des cafés interdits aux femmes à Sevran. « On ne peut pas souffrir de la moindre ambiguïté quand des femmes sont interdites d’espace public », lance M. Valls.

« Je défendrai aussi une vision de la laïcité que je veux incarner, la lutte contre le communautarisme. Lui, Benoît Hamon, est ambigu sur ces questions. » (Manuel Valls) | Le Monde

Dès le lendemain matin, Benoît Hamon réplique, rappelant à Manuel Valls son positionnement sur le burkini. L’ancien premier ministre avait soutenu la décision de maires d’interdire le port du maillot de bain intégral sur leurs plages en août. « J’observe que c’est le Conseil d’Etat qui lui a rappelé la loi sur le burkini quand il s’est porté aux secours des maires interdisant le burkini. C’est le Conseil d’Etat qui lui a rappelé ce qu’était la laïcité en France », a défendu M. Hamon.

En arrière-plan, l’ancien ministre de l’éducation subit les foudres de l’entourage de Manuel Valls. Malek Boutih l’avait ainsi accusé, dans un entretien à 20 Minutes, d’être « en résonance avec une frange islamo-gauchiste ». Des déclarations qui vaudront à l’équipe Hamon d’interpeller la direction du Parti socialiste pour qu’elle appelle au calme.

« C’est pas moi qui ai une interprétation dévoyée de la laïcité. » (Benoît Hamon) | Le Monde

Autre attaque de Manuel Valls : la proposition de Benoît Hamon de mise en place d’un revenu universel d’existence. Mesure qu’il estime de ne pas être crédible et qui « va créer des désillusions ».

« Quand on bâtit le succès de sa campagne sur cette idée-là [le revenu universel], alors on est en effet un marchand de sable, un marchand d’illusions. » (Manuel Valls)

Ni une ni deux, le député des Yvelines l’accuse de manquer de fond dans cette campagne d’entre-deux-tours qu’il mène à l’offensive contre ses propositions.

« Heureusement qu’il y a mon programme pour qu’il puisse commenter cette élection ! » (Benoît Hamon) | Le Monde

Sur le plateau de BFM-TV, mardi soir, Benoît Hamon en rajoute une couche, jouant la carte de la fracture à gauche. « Un malentendu profond » s’est créé entre Valls et une partie de la gauche, lance-t-il.

« Au sein de la gauche, (Manuel Valls) est la droite » (Benoît Hamon) | Le Monde

Le débat : face-à-face final

Enfin, face à celui qui l’a devancé lors du premier tour, Manuel Valls relance une nouvelle fois le débat sur le revenu universel et pourquoi il s’y oppose.

« Le revenu universel, c’est un message de découragement. » (Manuel Valls) | Le Monde

Chacun des deux hommes tente de faire valoir sa vision de la place du travail dans la société de demain, Benoît Hamon défendant l’idée que « la raréfaction du travail a commencé » et qu’il « vaut mieux anticiper un processus, quitte à ce qu’on se trompe, en équipant ceux qui connaissent ces nouvelles formes de travail ».

Interrogé sur le fait de savoir s’il respectera les règles de la primaire, à savoir soutenir son adversaire si ce dernier l’emportait, Manuel Valls en profite pour rappeler Benoît Hamon à ses prises de position de frondeur à l’égard du gouvernement. Ce dernier lui répond du tac au tac, revendiquant sa posture pour renvoyer une nouvelle fois l’ancien premier ministre au bilan qu’il défend dans cette campagne et contesté par une partie de l’électorat de gauche.

Au lendemain du débat, en meeting jeudi soir à Alfortville (Val-de-Marne), Manuel Valls a maintenu ses critiques à l’égard du revenu universel cher à son rival. « Ce que propose Benoît Hamon, c’est un quinquennat à 500 milliards [d’euros]. Personne ne trouve cela crédible. Personne ne pense un seul instant qu’on peut se faire élire sur un tel programme. »

« Je ne veux pas être le candidat de la feuille d’impôt, je veux être le candidat de la feuille de paie. » (Manuel Valls) | Le Monde

En meeting à Montreuil (Seine-Saint-Denis) devant un public d’environ 3 000 personnes, jeudi soir, Benoît Hamon n’a pas non plus manqué de piquer son rival, moquant ceux qui voient en lui la meilleure chance pour son camp.

« Comme si la ligne qui a fait perdre [au PS] toutes les élections intermédiaires depuis 2012 pouvait nous faire gagner. » (Benoît Hamon) | Le Monde