Le décret paraphé par le président interdisait pendant 90 jours toute entrée sur le territoire américain des ressortissants de sept pays majoritairement musulmans : le Yémen, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et l’Irak. Il bloque également pendant 90 jours les entrées de réfugiés venant de ces pays, et les demandes des réfugiés syriens sont bloquées jusqu’à nouvel ordre. | Alex Brandon / AP

L’application du décret visant sept pays à majorité musulmane signé vendredi soir par Donald Trump se fait dans la plus grande confusion, dimanche 29 janvier.

« Nous ne voulons pas laisser s’infiltrer quelqu’un qui cherche à nous nuire. C’est tout. Je sais que dans certains cas cela va causer des inconvénients », a déclaré Sean Spicer, porte-parole de la Maison Blanche. Il a justifié l’absence d’annonce préalable, qui a conduit à une situation chaotique dans les aéroports, en particulier à New York, par la nécessité de « s’assurer que les gens n’arrivent pas en masse avant que [le décret] se mette en place ».

  • Que dit le décret ?

Le décret paraphé par le président interdit pendant quatre-vingt-dix jours toute entrée sur le territoire américain des ressortissants de sept pays : le Yémen, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et l’Irak.

Il bloque également pendant quatre-vingt-dix jours les entrées de réfugiés venant de ces pays, et les demandes des réfugiés syriens sont bloquées jusqu’à nouvel ordre.

  • Combien de personnes ont été interdites d’entrée sur le territoire américain ?

Sur les 325 000 étrangers arrivés aux Etats-Unis samedi, 109 sont passés par des procédures de contrôle renforcées pour « s’assurer que les gens que nous laissons entrer dans notre pays viennent avec des intentions pacifiques », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, dimanche, sur la chaîne ABC. Sur ces 109, 81 personnes sont finalement entrées, et une vingtaine de personnes sont toujours en détention, selon le secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus, sur la chaîne CBS.

Partout dans le monde, des ressortissants des pays concernés par le texte se sont retrouvés bloqués dans les aéroports ou ont été renvoyés vers leur pays d’origine. Dimanche, Air France a annoncé avoir retenu une quinzaine de personnes devant se rendre aux Etats-Unis.

  • Les détenteurs d’une carte verte sont-ils concernés ?

C’est confus. Invité sur la chaîne NBC, Reince Priebus, a glissé dimanche que les détenteurs de la « Green Card », la carte de résident permanent aux Etats-Unis, n’étaient pas concernés par le décret.

Cette exception n’est pourtant pas mentionnée dans le décret. Le texte intégral signé par Donald Trump exclut simplement les personnes détentrices d’un visa diplomatique de l’OTAN, de l’ONU ou d’autres organisations diplomatiques.

Samedi, des responsables du département de la sécurité interieure avaient dit que les détenteurs de la carte verte devaient contacter leur ambassade et que les retours allaient être gérés au cas par cas.

  • Quelles actions ont été lancées contre le décret ?

A Brooklyn, une juge fédérale a imposé, samedi, un sursis d’urgence au décret de Donald Trump. La décision interdit pour le moment aux autorités américaines d’expulser des personnes arrivées après la signature du décret dans des aéroports américains avec un visa valide, et les autorise à entrer aux Etats-Unis.

Des rassemblements spontanés de plusieurs milliers de personnes ont eu lieu dans une demi-douzaine d’aéroports du pays pour obtenir la libération des passagers détenus par les services de l’immigration en vertu du décret.

  • Comment ont réagi les pays concernés ?

Au niveau diplomatique, la décision de l’administration Trump a déjà suscité de nombreuses réactions. Dimanche, la commission des affaires étrangères du parlement irakien a appelé à appliquer la réciprocité avec les Etats-Unis. Samedi soir, le ministère des affaires étrangères iranien a qualifié « d’insultante » la décision de Donald Trump. « La République islamique d’Iran, dans le but de défendre les droits de ses citoyens, appliquera la réciprocité tant que ces restrictions insultantes n’auront pas été levées », a précisé le communiqué.

Dernière réaction en date, le chef de la Ligue arabe (qui comprend cinq des sept pays concernés par le décret, à l’exception de l’Iran et de la Somalie) s’est dit « très préoccupé ». Ahmed Aboul Gheit a déploré des « restrictions injustifiées ».

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