Vue d’Aïn al-Fijé, dans la région de Wadi Barada, au nord-ouest de Damas, le 29 janvier. | STRINGER / AFP

Nouvelle défaite pour les rebelles syriens, dans une zone cruciale pour l’approvisionnement en eau de Damas. Après plus d’un mois de combats, l’armée du président Bachar al-Assad a repris dimanche 29 janvier la région de Wadi Barada, qui lui échappait depuis 2012. Les insurgés, qui subissent échec après échec dans cette guerre, ont commencé à quitter les lieux par centaines.

Wadi Barada est située à 15 km au nord-ouest de Damas. Samedi, l’armée était entrée pour la première fois dans la station de pompage d’Aïn Al-Fijé, vitale pour l’alimentation de la capitale, privée d’eau potable depuis le 22 décembre. Le régime avait accusé les rebelles de sabotage ayant conduit aux pénuries. Les insurgés avaient rétorqué que les bombardements du régime avaient détruit les infrastructures. L’ONU avait dénoncé ces coupures comme un « crime de guerre ».

Cette capture intervient plus d’un mois après la perte par les rebelles d’Alep, la deuxième ville de Syrie, dans le nord du pays, leur plus importante défaite depuis le début de la guerre en 2011. Les insurgés n’ont plus désormais de véritables fiefs que dans la Ghouta orientale, une région à l’est de Damas, dans la province d’Idleb au Nord-Ouest, et dans le Sud.

Station de pompage fortement endommagée

Bachar Al-Assad avait exclu Wadi Barada de la trêve en cours depuis le 30 décembre entre régime et rebelles. Un accord de cessez-le-feu avait été conclu il y a quelques semaines pour permettre aux équipes techniques de rétablir l’approvisionnement en eau potable pour les 5,5 millions d’habitants de Damas, mais il avait échoué et les combats avaient redoublé d’intensité jusqu’à vendredi.

Dimanche, les premiers travaux ont commencé dans la station, d’après le gouverneur de Damas, Ala Ibrahim. Il a affirmé que les « dégâts étaient importants », mais que le pompage d’eau devait reprendre « bientôt ».

En vertu de l’accord, les rebelles ont le choix : déposer les armes ou se rendre dans la province d’Idleb, frontalière de la Turquie. « Le régime essaie de s’emparer de la totalité de la province de Damas (…) Pour les rebelles qui perdent territoire après territoire, c’est la fin du rêve d’entrer dans la capitale », estime Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Fuite de centaines d’insurgés

Dimanche, des centaines d’insurgés ont commencé à quitter Wadi Barada en bus vers Idleb. C’est dans cette région que des milliers de rebelles se sont installés, après avoir été chassés de plusieurs de leurs bastions en Syrie par le régime et ses alliés russes et iraniens notamment.

Idleb était jusque-là contrôlée par une alliance dénommée Armée de la Conquête, formée des djihadistes du Front Fateh Al-Cham (ex-branche d’Al-Qaida) et de plusieurs groupes rebelles. Mais cette alliance semble avoir implosé depuis mardi, avec des affrontements inédits entre rebelles et Fateh Al-Cham.

Samedi, un nouveau bloc nommé Tahrir Al-Cham, composé de groupes rebelles et du Front Fateh Al-Cham, a vu le jour. Deux blocs rivaux sont ainsi en train d’émerger dans la province d’Idleb : l’un emmené par Ahrar Al-Cham, la plus puissante faction rebelle, et l’autre conduit par Fateh Al-Cham. Considéré par la rébellion comme une force efficace dans la lutte contre le régime, Fateh Al-Cham était critiqué depuis quelques mois par l’opposition politique, qui lui reproche sa volonté hégémonique.

Donald Trump, qui a décidé de fermer les frontières de son pays pendant plusieurs mois à tous les réfugiés et aux ressortissants de sept pays musulmans dont la Syrie, a évoqué le conflit syrien lors d’un entretien téléphonique dimanche avec le roi Salmane d’Arabie saoudite. A la demande du président américain, les deux dirigeants se sont mis d’accord pour créer des « zones de sécurité » en Syrie, mais aussi au Yémen en guerre, et pour soutenir « d’autres idées pour aider les nombreux réfugiés déplacés par les conflits en cours », selon la Maison Blanche. Les modalités pratiques de la mise en place de ces « zones de sécurité » n’ont pas été détaillées.