Le président américain Donald Trump pendant sa conversation téléphonique avec le premier ministre australien Malcolm Turnbull, dimanche 29 janvier (selon le fuseau horaire australien). | MANDEL NGAN / AFP

Au moment même où les manifestations se multipliaient aux Etats-Unis contre son décret anti-immigration, Donald Trump rassurait l’Australie : l’accord sur les réfugiés entre les deux pays serait bien respecté. Le président américain l’a annoncé au premier ministre australien Malcolm Turnbull par téléphone, dimanche 29 janvier.

L’accord annoncé par Canberra le 13 novembre 2016, quelques jours après l’élection de Donald Trump, semblait pourtant mort-né, et même enterré par le décret ultra-controversé du président américain. L’accord bilatéral, signé alors que Barack Obama était encore à la Maison Blanche, prévoit d’envoyer aux Etats-Unis des réfugiés rejetés par l’Australie. Jusqu’à 1 600 personnes sont concernées et la priorité sera donnée aux femmes, aux enfants et aux familles. Tous ont tenté de rejoindre l’Australie clandestinement, par bateau, mais ont été arrêtés et placés dans des centres de détention offshore sur les îles de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et de Nauru. Beaucoup de ces réfugiés viennent d’Irak, d’Iran, de Somalie, du Soudan, soit quatre des sept pays visés par le décret anti-immigration de Donald Trump. Ce texte interdit à leurs ressortissants d’entrer sur le territoire américain pendant 90 jours et bloque l’admission des réfugiés du monde entier pendant 120 jours.

Examens « au cas par cas »

Peu de précisions ont été données sur la mise en œuvre de l’accord bilatéral. Washington choisira les réfugiés autorisés à venir s’installer aux Etats-Unis et décidera du calendrier et du nombre de personnes concernées. Des responsables américains se sont rendus ces dernières semaines à Manus et Nauru pour rencontrer les réfugiés. Selon Malcolm Turnbull, une clause du décret anti-immigration prévoyant le respect des accords internationaux « préexistant » avec un traitement des dossiers « au cas par cas » a permis de faire avancer l’arrangement entre Canberra et Washington.

Donald Trump rend un bon service à l’Australie, fidèle et précieux allié dans le Pacifique, échaudé par l’abandon du Partenariat transpacifique (TPP), lundi 23 janvier. Canberra cherche depuis des mois un pays tiers où envoyer les réfugiés détenus dans les centres de Manus et Nauru, régulièrement évoqués dans les médias pour des violences, des suicides, etc. L’Australie pratique l’une des politiques les plus dures du monde vis-à-vis des clandestins, ce qui lui vaut très souvent d’être critiquée, en particulier par les Nations unies. Mais lors d’une conférence de presse, lundi 30 janvier, Malcolm Turnbull a affirmé que « le monde enviait » à l’Australie cette politique migratoire.

Lors de leur entretien téléphonique de 25 minutes, le président américain et le premier ministre australien ont évoqué la lutte contre l’organisation Etat islamique et « la menace de l’immigration illégale ». « Nous avons reconnu qu’il était vital que chaque nation soit capable de contrôler qui traverse ses frontières », a déclaré le premier ministre conservateur, tout en refusant de commenter le décret anti-immigration du président américain.