Manuel Valls, le 29 janvier à la mairie d'Evry, après avoir voté lors du deuxième tour de la primaire à gauche. | OLIVIER LABAN-MATTEI / MYOP POUR LE MONDE

Manuel Valls n’est plus vallsiste, mais nietzschéen. « La défaite, ça peut rendre fort », a philosophé, mardi 31 janvier au soir, l’ancien premier ministre lors d’une réunion avec ses soutiens politiques. Battu nettement dimanche au second tour de la primaire à gauche par Benoît Hamon, Manuel Valls avait convié – à huis clos – à la Maison de la chimie, à Paris, les différents parlementaires et élus socialistes qui l’ont soutenu dans la campagne.

Si, au soir de son élimination, le député de l’Essonne a annoncé qu’il comptait prendre « le recul nécessaire » pour se « réinventer », il n’a pas pour autant l’intention de disparaître des radars de la gauche. Devant quelque 300 personnes, Manuel Valls a tenu mardi soir un discours très politique, qui n’annonce en rien une retraite de sa part, bien au contraire. « Cette défaite me donne des forces pour faire vivre nos idées et permettre que nous restions rassemblés », a-t-il assuré.

Pour l’ex-chef du gouvernement, la victoire du frondeur Benoît Hamon annonce des lendemains électoraux qui déchantent pour le Parti socialiste (PS). Après la campagne de la primaire qui a opposé deux conceptions de la gauche socialiste, Manuel Valls a en effet estimé, mardi soir, que le PS est « au bout d’un cycle », celui ouvert au congrès d’Epinay en 1971.

« Il faut rester groupés, il ne faut pas baisser les bras »

« Nous ne devons pas croire au rafistolage », a-t-il expliqué à ses partisans, alors que Benoît Hamon tente désormais de rassembler l’ensemble des composantes du parti. Manuel Valls a l’intention, lui, de continuer à « entretenir le socle social-démocrate, surtout dans cette période de décomposition de la politique ».

Le mot d’ordre lancé à ses troupes est clair : « Il faut rester groupés, il ne faut pas baisser les bras, nous devons rester ensemble. » Une manière de dissuader certains de ses soutiens de partir chez Emmanuel Macron, alors que 17 députés socialistes « réformateurs », appartenant à l’aile droite du parti, ont signé une tribune publiée mardi matin dans Le Monde pour demander un « droit de retrait », refusant de soutenir la campagne présidentielle de Benoît Hamon.

Mais c’est également un signal envoyé à ses troupes par Manuel Valls pour les futures batailles dans l’appareil socialiste au lendemain de 2017. L’ancien premier ministre, qui n’assistera pas dimanche à la convention d’investiture de M. Hamon, ne cautionne pas la stratégie de son rival de rechercher une alliance entre le PS d’un côté, et les écologistes de Yannick Jadot et les « insoumis » de Jean-Luc Mélenchon de l’autre.

Manuel Valls refuse de soutenir tout coup de barre à gauche au sein du PS. « Personne n’a à nous opposer exclusive ou sectarisme, surtout pas ceux qui se sont affranchis des règles si longtemps », a-t-il déclaré mardi soir. Le frondeur Hamon est prévenu : il va devoir faire face à son tour à une fronde au sein de la majorité socialiste.

Mais celle-ci pourrait venir, cette fois, du camp réformiste. « Cette gauche réformiste, laïque et républicaine, je veux la faire vivre (…). La bataille se poursuit dans notre formation politique, dans la gauche, dans toute la vie politique », a précisé M. Valls. Une façon à peine voilée d’annoncer à Benoît Hamon qu’il faudra compter sur lui au lendemain de la présidentielle, et notamment au prochain congrès du PS, prévu à l’automne 2017.