A picture taken on March 16, 2015 in Maisons-Alfort shows the headquarters of the Banque Publique d'Investissement (BPI, public bank of Investment), on March 16, 2015 in Maisons-Alfort, outside Paris. AFP PHOTO /JACQUES DEMARTHON / AFP PHOTO / JACQUES DEMARTHON | JACQUES DEMARTHON / AFP

Les entreprises françaises vont (un peu) mieux et l’activité de Bpifrance le prouve. En 2016, la banque publique a moins colmaté la trésorerie des entreprises et davantage aidé à financer l’investissement, selon le bilan qu’elle a dressé mardi 31 janvier.

Elle a ainsi octroyé pour 5,6 milliards d’euros de prêts à court terme (– 5 %), tandis qu’elle consentait pour 6,7 milliards de prêts à l’investissement (+ 10 %), en cofinancement avec les banques. « Beaucoup d’entrepreneurs se sont mis en mouvement et voient des perspectives favorables en 2017, en dépit de l’incertitude liée à l’élection présidentielle en France », se félicite Nicolas Dufourcq, le directeur général de Bpifrance.

Au total, la banque créée à l’initiative de François Hollande en 2012 a injecté 24,7 milliards d’euros dans l’économie française en 2016. L’essentiel, soit 13,6 milliards d’euros (+ 2 %), a été accordé sous forme de prêts et d’aides ; 8,4 milliards d’euros de garanties (+ 4 %), ensuite, ont été apportés par Bpifrance à des prêts distribués par les réseaux bancaires. Enfin, la banque publique a investi 2,4 milliards d’euros au capital des entreprises françaises, soit un bond de 31 %.

En particulier, le bras armé de l’Etat a investi 1,1 milliard d’euros (+ 42 %) dans des entreprises grandes ou moyennes, comme les crèches Les Petits Chaperons Rouges, le groupe hospitalier MediPôle Partenaires ou encore le groupe d’enseignement supérieur privé Inseec. « Nous avons visé des secteurs moins cycliques pour mieux équilibrer notre portefeuille », explique M. Dufourcq. Cette diversification est nécessaire puisque certaines entreprises dont Bpifrance est actionnaire apparaissent mal en point, à l’image du réseau social Viadeo placé en redressement judiciaire.

Contribution record

« Nous avons eu des bonnes et des mauvaises surprises, reconnaît M. Dufourcq. La bonne surprise, c’est la résurrection du fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics. Par ailleurs, le plan de restructuration du groupe parapétrolier Vallourec se déroule comme prévu. En revanche, c’est vrai qu’il y a eu une déception sur Viadeo, mais elle était attendue et le risque pour nous était provisionné depuis longtemps. La situation reste tendue pour le spécialiste de la géophysique CGG, qui doit restructurer sa dette, et l’opérateur de satellites Eutelsat qui a connu une sanction en Bourse à l’automne dernier. »

« Cela ne nous empêchera pas de dégager un retour sur fonds propres proche de 4 % », assure le directeur général. En parallèle, Bpifrance a, en effet, réalisé pour 1,667 milliard d’euros de cessions, en allégeant notamment ses participations dans Valeo, Eiffage et Ubisoft. De quoi générer plus de 500 millions d’euros de plus-values.

La banque publique n’investit pas seulement en direct au capital des entreprises françaises. En 2016, elle a alloué une contribution record de 729 millions d’euros dans 46 fonds destinés à irriguer l’économie hexagonale. Et 2017 s’annonce encore plus importante : 1,3 milliard d’euros de souscriptions ont d’ores et déjà été promises ces derniers mois, que ce soit à Iris Capital – pour le futur fonds d’Orange et Publicis – ou au spécialiste des fintechs Blackfin.

« Nous cherchons à convaincre encore une grande société de gestion française de créer un fonds de croissance dans le numérique et une autre dans la biotech. Mais il ne suffit pas de rassembler des capitaux pour gagner la bataille. Il faut que ces équipes soient considérées par les entrepreneurs comme aussi efficaces que les grands fonds anglo-saxons », prévient M. Dufourcq.

Dernier métier, enfin, de la banque publique, le « coaching » des entreprises est apparu en 2015. « En 2016, plus 5 500 entreprises clientes ont été accompagnées pour changer d’échelle, se structurer ou mettre en place un plan de transformation digitale », souligne Bpifrance. « Nous nous voyons comme des producteurs d’entrepreneurs, comme d’autres produisent des films. Et nous voulons faire des blockbusters, pas uniquement des films d’art et d’essai », conclut M. Dufourcq.