Isolé, critiqué de toutes parts, y compris par son prédécesseur, le président américain Donald Trump a défendu lundi 30 janvier sa décision de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays musulmans. Mais il a rencontré un obstacle.

L’ancienne numéro deux du ministère de la justice sous l’administration Obama faisant office de ministre par intérim, Sally Yates, a ordonné lundi 30 janvier aux procureurs de ne pas défendre le décret anti-immigration signé vendredi par le président républicain Donald Trump.

La réponse du président américain n’a pas tardé. « La ministre intérimaire, Sally Yates, a trahi le département de la justice en refusant d’appliquer un décret destiné à protéger les citoyens des Etats-Unis », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué. « Le président Trump a relevé Mme Yates de ses fonctions et a nommé Dana Boente ministre intérimaire dans l’attente de la confirmation par le Sénat de la nomination du sénateur Jeff Sessions ».

Une position prise pour « défendre ce qui est juste »

Un peu plus tôt, Sally Yates a mis en doute dans une note interne la légalité et la moralité de ce décret qui interdit l’entrée aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane, et à tous les réfugiés.

« Ma responsabilité est d’assurer que la position du ministère est non seulement légalement défendable mais est également formée par notre meilleure interprétation de ce qu’est la loi, après avoir pris en considération tous les faits », a expliqué Mme Yates, qui assurait l’intérim en tant que ministre de la justice en attendant la validation par le Sénat de Jeff Sessions, le candidat choisi par Donald Trump.

« De plus, j’ai la charge de m’assurer que les positions que nous adoptons devant les tribunaux restent cohérentes avec l’obligation solennelle de cette institution de toujours chercher la justice et de défendre ce qui est juste. A l’heure actuelle, je ne suis pas convaincue que la défense du décret présidentiel soit cohérente avec ces responsabilités, pas plus que je ne suis convaincue du fait que ce décret présidentiel soit légal ».

« Par conséquent, pendant toute la période où je suis ministre par intérim de la justice, le ministère de la justice ne présentera pas d’arguments pour défendre le décret présidentiel, sauf si je finis par être convaincue qu’il est approprié de le faire », a-t-elle affirmé.

De plaintes déposées

M. Trump a tweeté peu après la divulgation du mémo de Mme Yates : « Les démocrates retardent mes choix pour mon cabinet uniquement pour des raisons politiques. Ils n’ont rien à y gagner sauf à faire de l’obstruction. Actuellement, j’ai un A.G. d’Obama », autrement dit un « Attorney general » (ministre de la justice).

Les ministres de la justice de seize Etats fédérés, représentant près d’un tiers de la population américaine, ont condamné dimanche le décret anti-immigration et promis de « le combattre » avec tous les moyens à leur disposition. Lundi, le ministre de la justice de l’Etat de Washington, Bob Ferguson, a déposé plainte pour réclamer l’arrêt immédiat de l’application du décret, qu’il considère contraire à la Constitution.