L’école 42, à Paris, est un établissement privé spécialisé dans l’informatique. | MARTIN BUREAU / AFP

A quoi mesure-t-on le niveau de numérisation d’un pays ? La question est complexe et les indicateurs variés : pratiques de la population, formation des professionnels, fonctionnements des entreprises, de l’Etat… Sans prétendre à l’exhaustivité, Google France et le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger ont tenté de dresser un état des lieux numérique de la France. Rendu public mardi 31 janvier, il pointe le retard que prend la France dans ce domaine.

  • Une définition difficile de la numérisation

S’appuyant sur une trentaine d’études parfois mal identifiées, le rapport produit par Google et Roland Berger ne prétend pas à l’exhaustivité. « Nous avons procédé par carottages », explique Nicolas Teisseyre, associé du cabinet de conseil et coauteur du document. En résulte une synthèse en trente fiches organisée autour de cinq thèmes (usages des citoyens, des entreprises, transformation de l’Etat, formation et écosystème). Plus qu’un panorama global, il s’agit de multiples zooms sur la société et l’économie françaises.

Pourquoi Google réalise-t-il un tel travail ? Pour sa responsable des politiques publiques, Elisabeth Bargès, il s’agit de peser en faveur du « développement du numérique en France » en mettant en lumière les forces et les faiblesses des acteurs nationaux. « On est dans un champ de bataille où la France à une carte à jouer. Il y a un terreau favorable, mais on a le sentiment qu’on prend du retard », résume M. Teisseyre.

  • Un poids économique encore restreint

Selon ce rapport, la contribution du numérique au produit intérieur brut ne s’élevait qu’à 5,5 % en 2015, contre 10 % au Royaume-Uni et 8 % aux Etats-Unis. S’appuyant sur ce chiffre, le document pointe notamment l’investissement restreint des entreprises françaises, en particulier des PME, dans le numérique, les faibles capacités d’exportation ou l’absence de géants tricolores mondiaux du numérique (seulement cinq entreprises du secteur sont dans le top 1000 des capitalisations boursières).

On pourra cependant opposer à ce constat des indicateurs plus encourageants tels que le dynamisme des levées de fonds et des fusions-acquisitions. Avec 2,72 milliards d’euros d’investissements réalisés en 2016, la France se hisse au deuxième rang européen, grâce notamment au rôle très actif de Bpifrance, la banque publique d’investissement.

  • Des freins au développement du numérique

Côté infrastructures, la France se situe en dessous de la moyenne européenne en termes de couverture 4G et souffre d’une faiblesse des débits de connexion fixe – auquel répond pour partie le plan France très haut débit lancé par le gouvernement.

Autre point de blocage : la formation. Sur le marché de l’emploi, au moins 50 000 postes du numérique sur un peu plus d’un million seront non pourvus à l’horizon 2020, selon la Dares, le service de statistiques du ministère du travail.

Cependant, dans ce bilan assez critique, l’étude de Google pointe un atout majeur de la France : « Très connectés, très équipés et adeptes d’usages innovants [streaming musical, petites annonces en ligne…], les Français sont prêts à saisir les opportunités offertes par le numérique. » Un capital qui selon les auteurs du rapport ne demande qu’à être fructifié.

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