Pedro Almodovar et l’actrice Emma Suarez, le 17 mai 2016 à Cannes. | VALERY HACHE/AFP

Une première pour sa 70e édition : le jury du Festival de Cannes sera cette année présidé par un cinéaste espagnol, Pedro Almodovar, ont annoncé mardi 31 janvier les organisateurs. Icône flamboyante du cinéma espagnol depuis plus de trente ans, il est un habitué de cette manifestation qui l’a plusieurs fois récompensé sans lui décerner pour autant la Palme d’or.

Le réalisateur de Talons aiguilles et Parle avec elle succédera ainsi au réalisateur de la saga Mad Max, l’Australien George Miller. Il décernera avec son jury la Palme d’or à l’issue du festival, qui se déroulera du 17 au 28 mai. Pedro Almodovar, 67 ans, a réagi dans un communiqué :

« Je suis très heureux de fêter le 70e anniversaire du Festival du film de Cannes dans cette fonction si privilégiée. Je suis reconnaissant et honoré et j’ai le trac ! Etre président du jury est une lourde responsabilité et j’espère être à la hauteur des circonstances. Je peux vous dire que je vais me dévouer corps et âme à cette tâche, qui est à la fois un plaisir et un privilège », a-t-il ajouté.

Pedro Almodovar avait déjà été membre du jury du Festival de Cannes en 1992, sous la présidence de Gérard Depardieu. La Palme d’or avait été remportée cette année-là par Les Meilleures Intentions du réalisateur danois Bille August.

Cinq fois en compétition – pour Tout sur ma mère, Volver, Etreintes brisées, La piel que habito et Julieta l’an dernier –, Pedro Almodovar n’a jamais remporté la Palme d’or.
Il a été cependant deux fois récompensé à Cannes, pour Tout sur ma mère, prix de la mise en scène en 1999, et Volver, prix du scénario et prix d’interprétation collective pour ses actrices en 2006. Metteur en scène connu dans le monde entier, il a été également récompensé par deux Oscars, pour Tout sur ma mère et Parle avec elle.

Auteur de vingt longs-métrages

Grand cinéphile, amateur des films d’Alfred Hitchcock et Luis Buñuel, cet auteur de vingt longs-métrages, à l’esthétique colorée et facilement reconnaissable, enchaîne les films depuis le début des années 80.

Depuis son premier long-métrage, Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier, sorti en 1980, Pedro Almodovar, connu notamment pour ses portraits de femmes, a créé une œuvre iconoclaste et surprenante, souvent provocatrice, traversée par les thématiques de l’identité sexuelle, du rapport mère-enfant, de la culpabilité ou du secret. Pour la composer, il s’est entouré d’actrices devenues ses égéries, parmi lesquelles Penélope Cruz, Marisa Paredes, Rossy de Palma, Victoria Abril et Carmen Maura, et d’acteurs fidèles, dont Javier Bardem et Antonio Banderas.

Figure de proue de la Movida espagnole, mouvement créatif exubérant né au début des années 80 après la dictature de Franco, Pedro Almodovar a accédé au succès international avec Femmes au bord de la crise de nerfs (1988). Viendront ensuite Talons aiguilles, puis Tout sur ma mère et Parle avec elle, deux de ses œuvres les plus récompensées.

L’an dernier, il avait ajouté un nouveau portrait de femme, celui d’une mère en souffrance, à son œuvre, avec Julieta, l’histoire d’une femme hantée par la disparition de sa fille unique, qui ne veut plus avoir de contacts avec elle.

« Pour sa 70e édition, le Festival de Cannes est heureux d’accueillir un artiste unique qui jouit d’une immense popularité. Son œuvre s’est déjà inscrite pour toujours dans l’histoire du cinéma. Une longue fidélité unit Pedro Almodovar au festival », ont déclaré le président du festival, Pierre Lescure, et son délégué général, Thierry Frémaux, cités dans le communiqué.

Le Festival de Cannes annoncera la composition du jury à la mi-avril. L’an dernier, la Palme d’or avait été décernée au cinéaste britannique Ken Loach pour Moi, Daniel Blake.

Emma Suarez : « Pedro Almodovar a besoin d’un cadre où la passion est présente »
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