Meeting de François Fillon, candidat à la présidentielle à la porte de la Villette. Plus de 10 000personnes ont fait le déplacement. François Fillon et sa femme viennent de s'installer au premier rang. | LAURENCE GEAI / « LE MONDE »

Le Canard enchaîné a alourdi la facture du candidat Fillon, mercredi 1er février, en affirmant que son épouse, Penelope, aurait touché au total plus de 900 000 euros entre 1998 et 2007. Pris dans la centrifugeuse des affaires, le candidat du parti Les Républicains a fait l’objet de toutes les attentions, à charge et à décharche, mercredi matin.

Pour Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains, interrogé sur Radio classique et Paris première, les révélations du Canard enchaîné ont « un objectif : déstabiliser, empêcher un candidat de se présenter, empêcher un déroulement normal de la démocratie ».

Un plan B ? « Ça va dépendre des jours qui viennent »

Mais « le candidat qui a été choisi par près de 4,5 millions de Français qui se sont déplacés à la primaire, c’est François Fillon », a-t-il rappelé, alors que l’hypothèse d’un retrait commence à circuler à droite.

Une hypothèse vite balayée sur Europe 1 par Gérald Darmanin, le secrétaire général adjoint de LR :

Il est évident que François Fillon est le seul plan, pour reprendre l’expression médiatique, il n’y a pas de plan A, de plan B, il y a un plan F, c’est le plan François Fillon. (...) François Fillon, s’il n’est pas mis en examen, sera notre candidat.

Mais tout le monde à droite n’est pas aussi catégorique. « Ça va dépendre des jours qui viennent, a estimé le député LR de la Manche Philippe Gosselin, sur LCP, alors qu’on l’interrogeait sur la possibilité d’un retrait de M. Fillon. Moi je fais partie de ceux qui refusent à ce stade d’envisager les plans B, C, Z et je ne sais quoi. (...) Mais on ne pourra pas empêcher d’avoir des noms qui circulent, et il y a certains noms qui s’imposent plus que d’autres ». M. Gosselin a évoqué plus précisément Alain Juppé, « qui a la carrure d’un chef d’Etat ».

« Ce qui trouble, ce sont les faits et ce sont les sommes »

En privé, des ténors du parti évoquent eux aussi un éventuel plan B. Certains vont jusqu’à envisager une candidature du président du Sénat, Gérard Larcher, voire d’un représentant de la jeune génération, comme François Baroin, Xavier Bertrand ou Laurent Wauquiez.

Un plan évoqué jusqu’à François Bayrou, le président du MoDem, interrogé sur BFMTV et RMC sur l’éventualité d’un renoncement de François Fillon : « C’est une possibilité. Vous savez bien que tout le monde en parle dans son camp et autour de lui. »

M. Bayrou s’est dit surpris des révélations du Canard enchaîné : « Je connais François Fillon depuis très longtemps et jamais je n’avais soupçonné qu’il y ait des pratiques de cet ordre. Jamais. J’avais le sentiment que c’était un élu de province qui avait en même temps un engagement national et je n’avais jamais imaginé que cela s’accompagne, ou se double de ces organisations. (...) Ici ce qui trouble, ce sont les faits et ce sont les sommes. »

«  La chasse au Fillon est ouverte »

Pendant ce temps-là, les soutiens de François Fillon ont donné de la voix pour tenter de secourir leur candidat en bien mauvaise passe. « Lynchage médiatique », « détournement d’opinion publique », « procès à charge », David Lisnard, le porte parole du député de Paris interrogé sur RMC, n’a pas eu de mots assez forts pour crier son indignation : « Vous prenez des faits à charge isolés, vous les assénez, vous les répétez et vous en faites une vérité. La vérité, c’est aux enquêteurs de la déterminer. »

Sur la même refrain de l’acharnement médiatique, Jérôme Chartier, conseiller spécial de François Fillon, a fait mine de s’interroger dans Le Figaro : « Depuis combien de temps l’intégralité d’une “une” du Canard enchaîné a-t-elle été consacrée à la destruction d’un seul homme ? » « Plus que jamais, la chasse au Fillon est ouverte. Tout est bon pour le dénigrer, l’attaquer, le discréditer aux yeux des Français », poursuit M. Chartier.

Macron ne veut pas « participer à l’halali »

Emmanuel Macron, interrogé sur France Inter, a affirmé ne pas vouloir « participer à l’halali », estimant qu’il faut être « collectivement attaché à la transparence du débat démocratique ».

« Moi aussi j’ai été face à des attaques, il y a des choses qui relèvent du secret fiscal, du juge, du débat démocratique [...], a tempéré l’ancien ministre, lui même accusé dans un livre d’avoir dépensé en huit mois 80 % des frais de représentation de son cabinet. Il faut le laisser s’expliquer [...]. Oui à la transparence, non au déballage et à l’agressivité. Je suis attaché à la dignité de la vie politique. » 

Et d’ajouter :

« Mon souhait, c’est de pouvoir débattre au fond des idées avec François Fillon. »