A 20 mètres du cratère du Merapi, à Java, un volcanologue (ici, avec son porteur) communique avec le technicien en train d’installer un GPS destiné à mesurer l’activité sismique du volcan. | Miguel Hahn & Jan-Christoph Hartung

Tout le monde se souvient du terrible tsunami de décembre 2004 provoqué par un tremblement de terre au large de la province d’Aceh, située dans le nord de l’île de Sumatra : 166 000 Indonésiens furent emportés par la vague qui ravagea la capitale provinciale de Banda Aceh et les villes alentour. En tout, 250 000 personnes périrent noyées dans la région, en Thaïlande, au Sri Lanka, en Inde, en Birmanie, en Malaisie, aux Maldives…

L’éruption du volcan Merapi, situé dans le centre de la grande île de Java, en octobre 2010, n’a pas autant marqué l’opinion publique internationale. Environ 350 personnes trouvèrent la mort dans cette catastrophe qui nécessita l’évacuation de 350 000 Javanais. L’Indonésie, tout comme le Japon, est assise sur un volcan. Cet archipel de 17 000 îles – dont 922 sont habitées – où s’entassent quelque 250 millions d’habitants, n’a en effet d’autre choix que se préparer en permanence aux assauts d’une nature hostile.

100 millions de personnes dans des zones à risques

Les photographes allemands Miguel Hahn et Jan-Christoph Hartung se sont intéressés à la façon dont l’Indonésie tente d’anticiper les catastrophes naturelles qui la frappent régulièrement. Un certain nombre de mesures ont été prises ces dernières années dans l’espoir de renforcer les capacités du pays à faire face à l’inéluctable. Des mesures que les photographes mettent en scène dans des images à la fois inquiétantes et réjouissantes. Entre autres exemples, l’installation de GPS afin de mesurer en temps réel les activités sismiques des volcans, comme c’est le cas au sommet du Merapi ; ou la mise en place d’une signalétique indiquant aux touristes et à la population les itinéraires d’évacuation en cas de tsunami, comme à Bali.

Au-dessous du volcan

Mais les défis à relever pour les responsables de la prévention sont immenses. Les spécialistes estiment qu’une centaine de millions de personnes vivent dans des zones à risques – éruptions volcaniques, tsunamis, inondations. En octobre 2010, vingt-quatre heures avant que le Merapi n’entre en éruption, un tsunami avait frappé les îles Mentawai, au large de Sumatra. Au moins 150 personnes furent emportées par des vagues qui balayèrent l’intérieur des terres sur plus de 600 mètres. Cette nouvelle catastrophe avait démontré une fois de plus les faiblesses du système d’alerte aux raz-de-marée.

Un « Tsunami Tour »

Plus récemment, le 7 décembre 2016, un puissant tremblement de terre a de nouveau frappé Aceh, faisant au moins 100 morts, selon les premiers bilans. Dans cet archipel très étendu géographiquement et situé sur la ceinture de feu du Pacifique, les capacités de réponses aux catastrophes varient selon les régions. Dody Ruswandi, de l’Agence gouvernementale pour le management des désastres nationaux (BNPB), estime que le niveau de préparation de la population s’est montré satisfaisant dans la région est de Java, quand le volcan Kelud est entré en éruption, en février 2014. Mais cela n’a pas été le cas à la même époque, dans le nord de Sumatra, lors du réveil du Sinabung : personne ne pensait plus que ce volcan resté longtemps inactif sortirait de son sommeil… Le 17 janvier 2017, il a de nouveau craché des cendres.

Pour autant, les images de Miguel Hahn et Jan-Christoph Hartung racontent aussi un versant plus optimiste de cette activité tectonique. On assiste ainsi en Indonésie à la naissance d’une industrie touristique liée aux volcans et même à des avancées dans le domaine agricole… Des fermiers audacieux travaillent, au pied du Merapi, une terre rendue fertile par les retombées des cendres du volcan. Plus discutable, à Sumatra, un « Tsunami Tour » permet aux visiteurs de se faire une idée plus précise de ce que les habitants d’Aceh ont vécu lors de la catastrophe de 2004…