Elèves de l’école Polytechnique lors d’une répétition du défilé du 14-Juillet, à l’été 2015. AFP PHOTO / LOIC VENANCE / AFP PHOTO / LOIC VENANCE | LOIC VENANCE / AFP

Si les grandes écoles de commerce et d’ingénieurs recrutent désormais plus d’étudiants via les admissions parallèles (40 %) que d’élèves de classes préparatoires (38 %), la proportion s’inverse quand il s’agit d’intégrer les établissements les plus prestigieux – surtout les parisiens. Ceux-ci réservent souvent peu de places aux titulaires d’autres diplômes, notamment d’une licence universitaire. Et un haut niveau d’exigence est affiché à l’égard des candidats. Pour autant, celui-ci ne doit pas être surévalué.

« L’autocensure des étudiants pour postuler à Polytechnique est un souci »

Certaines grandes écoles ne font pas le plein d’« admis sur titres », ne semblant pas toucher l’ensemble des étudiants susceptibles d’y entrer et de s’y intéresser. « La pression n’est pas assez forte », résume, en langage d’ingénieur, Michel Gonin, directeur des admissions à Polytechnique. Pour la rentrée 2016, l’école a reçu moins de 180 dossiers pour cette filière d’admissions parallèles : 70 ont été jugés éligibles selon ses critères (notes suffisantes en licence, non-redoublement…), 50 ont été admis aux épreuves orales. Alors que 23 places étaient réservées (cinq de plus que l’année précédente), 21 candidats ont été admis, et seulement 20 intégrés : même l’X doit faire face à la compétition d’autres établissements, comme l’Ecole normale supérieure…

« Sur les deux ou trois dernières années, on ressent un effet de saturation. Mais on ne baisse pas les bras pour faire connaître cette filière. Notre objectif est d’arriver à 40 admis sur titres sans baisser le niveau, dans notre intérêt comme dans celui des étudiants », explique Michel Gonin. Pour lui, « l’autocensure des étudiants est un souci », et il faudrait mieux faire circuler l’information dans les universités, « où l’on ne voit pas toujours l’intérêt de voir partir les meilleurs élèves dans les grandes écoles ».

Toujours du côté des écoles d’ingénieurs, la voie d’accès parallèle des cinq écoles centrales n’a reçu l’an dernier que 350 dossiers, pour 100 places ouvertes. Elle en a admis 80, mais la moitié d’entre eux ont finalement renoncé, préférant d’autres écoles ou poursuivre pour un parcours universitaire. Le vivier est donc restreint. Ainsi, à Centrale Nantes, les 10 places offertes en formation initiale ont trouvé preneur… alors que cela n’a été le cas que pour 2 des 10 places ouvertes par la voie de l’alternance. « Pour nous adapter, nous allons ouvrir plus de places classiques l’an prochain, d’autant que l’apprentissage est aussi possible via le statut étudiant », explique Guillaume Moreau, directeur de la formation à Centrale Nantes. De surcroît, Centrale Nantes a admis 12 élèves diplômés de DUT ayant effectué ensuite un an de prépa spécifique d’adaptation de technicien supérieur (ATS).

« Privilégier les classes préparatoires »

Quant aux écoles de commerce, à côté des meilleurs élèves issus de quelques classes préparatoires d’élites, elles préfèrent accueillir en cours de cursus des profils plus diplômés, français ou internationaux. HEC reconnaît ainsi « privilégier les classes préparatoires et accueillir beaucoup d’étudiants internationaux », selon Julien Manteau, directeur de la stratégie et du développement. L’école réservait, jusqu’en 2015, 25 places à son concours « d’accès direct » ouvert aux titulaires de licences. Elle a fusionné cette voie en 2016 avec celle, qui comptait 75 places, ouverte aux autres diplômés de grandes écoles.

Résultat : 24 diplômés de licence admis, sur 100 places. En vue de la rentrée 2017, une voie unique de 300 places est créée, en rassemblant les filières pour les diplômés français et celle, de 200 places, qui était jusqu’ici destinée aux étudiants internationaux : « Nous voulons détecter les plus hauts potentiels sans ventiler les places a priori quant à leur origine ; la proportion des uns et des autres pourra varier d’une année sur l’autre », explique M. Manteau.

De son côté, la filière d’admission parallèle de l’Essec commence seulement en deuxième année de master : il faut au minimum avoir validé un M1, et souvent, dans la pratique, un master pour y prétendre. Si 160 places sont offertes à ces titulaires de diplômes français (pour 1 300 candidats), les profils les plus représentés en 2016 ont été les ingénieurs (37 %), les diplômés de droit (22 %) de pharmacie ou de médecine (9 %) mais aussi d’économie (24 %), pour certains dans le cadre de la filière égalité des chances « Cap ESSEC ».

Le recrutement de diplômés du premier cycle de l’université relève toujours plus, dans les très grandes écoles de région parisienne, de l’exception plutôt que de la règle.