Antoine Frérot, le PDG de Veolia, le 10 février 2015. | CHARLES PLATIAU / Reuters

L’heure n’est pas au pessimisme ni à l’optimisme, mais à la détermination. » Face aux « vents contraires » un peu partout sur la planète, Antoine Frérot, le PDG de Veolia, va « renforcer le plan d’économies » du leader mondial de la gestion de l’eau et des déchets. « Nous ne devons pas nous laisser surprendre et devons toujours avoir un coup d’avance », a -t-il prévenu, jeudi 2 février, sans préciser l’ampleur du mouvement.

Seuls indices : le premier plan sur la période 2011-1015 prévoyait 450 millions d’euros d’économies sur quatre ans, il a abouti quasiment au double, soit 800 millions. Celui lancé sur la période 2016-2018 table sur 600 millions d’euros. Dès la première année, il est en avance sur l’objectif des 200 millions annuels.

Si les priorités du premier plan ont porté sur les frais généraux, celui en cours vise principalement à améliorer l’efficacité industrielle des dix mille usines du groupe, tout en continuant à économiser sur les achats locaux et les frais généraux. En France, par exemple, le regroupement des 2 200 salariés de la région parisienne sur un seul site à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) au lieu de dix permet de diviser par deux le loyer.

Transformation

« La pression sur nos prix et sur nos marges se poursuit et parfois même s’accroît, notamment en Europe, sur nos activités traditionnelles », a souligné le PDG, constatant que les meilleures performances sont enregistrées loin de ce continent. D’où la stratégie d’augmenter la part de ses activités auprès des industriels et dans les zones en croissance, et d’être moins exposés aux marchés municipaux. Mais cette clientèle n’est « pas morte, elle est même très dynamique », relativise M. Frérot, tout en insistant sur le potentiel dans l’industrie. L’externalisation de la gestion de l’eau, des déchets et de l’efficacité énergétique y « commence tout juste ». S’y ajoute le durcissement des réglementations environnementales dans le monde.

La France, qui représente 22 % des 25 milliards d’euros d’activité, reste le pays le plus difficile pour le groupe. « Ce marché, qui a été de très loin pendant des années le plus rentable, nous cause plus de soucis que les autres pays », reconnaît M. Frérot. Le renouvellement des contrats auprès des municipalités a fait baisser les prix et réduit les marges, entraînant des réorganisations. Un nouveau plan de 377 suppressions de postes vient d’entrer en vigueur. Ainsi, depuis 2011, le groupe aura supprimé 4 000 postes, ramenant les effectifs à 12 000 salariés.

La transformation va se poursuivre. Arrivé en janvier d’Italie, le nouveau directeur général de la branche eau, Frédéric Van Heems, fait le tour des installations, et présentera en mai son plan de relance. Auparavant, lors du conseil d’administration du 22 février de Veolia, M. Frérot communiquera les résultats de l’audit interne déclenché voici deux mois à la suite d’un conflit d’intérêts dans la branche eau en France.